Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1679

Louis Conard (Volume 8p. 46-47).

1679. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Croisset.] Nuit de mercredi [6-7 juin 1877].
Ma chérie,

Je crois que l’air de Croisset te fera du bien et qu’il est temps pour ta santé de humer la campagne. On est si tranquille ici ! Ça vous remet le système ! Et enfin j’y travaille ! Bouvard et Pécuchet sortent des limbes, de plus en plus.

Depuis deux jours, j’ai fait une excellente besogne. Dans de certains moments, ce livre m’éblouit par son immense portée. Qu’en adviendra-t-il ? Pourvu que je ne me trompe pas complètement et qu’au lieu d’être sublime il ne soit niais ? Je crois que non, cependant ! Quelque chose me dit que je suis dans le vrai ! Mais, c’est tout l’un ou tout l’autre. Je répète le mot : « Oh ! je les aurai connues, les affres de la littérature ! »

Clémence déploie une grande activité, et ma petite cuisinière est douce comme un mouton.

J’irai vendredi à Rouen, puisque ce jour-là je suis invité à dîner chez Mme Achille, avec « M. Tassel de La Londe (quelle noblesse !) et le Dr Avond avec madame, sans la moindre cérémonie ».

Qu’est-ce que les bourgeois entendent par « sans cérémonie » ? Eh bien, quand il y en aurait, est-ce que ça me fait peur ? […]

Je t’embrasse fort.

Vieux.