Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1641
Merci du billet de ce matin. J’en avais besoin et je n’ai pas entretenu de danseuses, cet hiver ! Mes étrennes ne furent pas sardanapalesques. Je ne t’ai pas dit que depuis votre départ je suis dans un supplice permanent, à cause du bois ! Si bien que souvent, la nuit, j’ai passé des heures la fenêtre ouverte, mon feu s’éteignant, quand il ne fume pas ! Ce sera un des agréments de Paris que d’avoir d’autre bois ! Ai-je juré et tempêté ! Hier, j’en étais vraiment malade.
Et voici le moment de nous revoir qui approche, mon pauvre loulou ! tant mieux !
Lundi ou dimanche j’espère n’avoir plus que cinq pages ! Nous verrons si le Moscove sera actif.
Je viens de l’inviter à dîner pour dimanche 4 février. Prie de ma part Mme Régnier de venir ; je n’ai pas le temps de lui écrire. Et convie également à « cette petite fête de famille » mon élève Guy le chauve.
J’ai écrit à Masquillier pour avoir un costume de chambre et au sieur Prout pour qu’il me fasse des pantoufles ; car je suis en guenilles et ma fameuse nièce me repousserait si j’arrivais en chaussons de Strasbourg. Mais je voudrais savoir si :
1o J’ai là-bas, dans ma chambre : un frottoir de peau ;
2o Des éponges.
3o Il me faudrait d’autres cravates blanches, les miennes sont trop démodées. De petits rubans me semblent mieux !
Tu peux tout arranger ! Maintenant ce ne sera pas long.
Valère[1] doit aller vous voir demain.
Il couchera ici d’aujourd’hui en huit.
Adieu, pauvre chat. Je t’embrasse bien fort.
Nounou
P-S. — Dernier mot de Mamzelle Julie :
« C’est nous qui ramouvons les connaissances du vieux temps ! »
- ↑ Edmond Laporte.