Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 7/1567

Louis Conard (Volume 7p. 287).

1567. À GEORGE SAND.
Vendredi soir [18 février 1876].

Ah ! merci du fond du cœur, chère maître ! Vous m’avez fait passer une journée exquise, car j’ai lu votre dernier volume, la Tour de Percemont. — Marianne aujourd’hui seulement. Comme j’avais plusieurs choses à terminer, entre autres mon conte de Saint Julien, j’avais enfermé ledit volume dans un tiroir pour ne pas succomber à la tentation. Ma petite nouvelle étant terminée cette nuit, dès le matin, je me suis rué sur l’œuvre et l’ai dévorée.

Je trouve cela parfait, deux bijoux ! Marianne m’a profondément ému et deux ou trois fois j’ai pleuré. Je me suis reconnu dans le personnage de Pierre. Certaines pages me semblaient des fragments de mes mémoires, si j’avais le talent de les écrire de cette manière ! Comme tout cela est charmant, poétique et vrai ! La Tour de Percemont m’avait plu extrêmement. Mais Marianne m’a littéralement enchanté. Les Anglais sont de mon avis, car dans le dernier numéro de l’Athenæum on vous a fait un très bel article. Saviez-vous cela ? Ainsi donc pour cette fois je vous admire pleinement et sans la moindre réserve.

Voilà, et je suis bien content. Vous ne m’avez jamais fait que du bien, vous ; je vous aime tendrement !