Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 7/1501

Louis Conard (Volume 7p. 209-210).

1501. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Croisset], jeudi [8 octobre 1874].

Je viens d’écrire à Zola et à Weinschenk pour leur demander l’époque où l’on m’appellera. De plus, Banville doit passer lui-même au théâtre. D’ici à très peu de temps, j’aurai une réponse et nous saurons à quoi nous en tenir, mon loulou.

J’ai reçu lundi les 500 francs de Daviron. Mais j’attendais une lettre de toi, pour « t’en accuser réception ».

Banville est venu ici, dimanche soir, avec son fils[1], jeune homme âgé de 15 ans, et qui a l’air d’une petite demoiselle. Je les ai menés à la Bouille (naturellement) et ils sont repartis mardi soir. Le dit Banville m’a donné pour le Sexe faible quelques bons avis que je tâcherai de suivre.

Tourgueneff m’a envoyé hier trois articles d’une gazette de Berlin sur Saint Antoine. L’auteur de ces articles, qui est un de ses amis, demande à traduire Salammbô. Quand tu seras ici, tu me traduiras, toi, lesdits articles élogieux à la gloire de Vieux.

Bouvard et Pécuchet arrivent dans leur maison de campagne ; j’espère avoir fini le premier chapitre ou introduction à la fin de la semaine prochaine.

Je suis comme toi, je n’ai aucune envie de m’en aller à Paris, ce beau pays m’attirant de moins en moins.

Pas drôle, hein, la compagnie des Lillebonnais ! Je te répète qu’il n’y a que moi.

Il est vrai que samedi j’étais très souffrant. Ces mêmes douleurs qui sont, je crois, la suite de ma dysenterie, ne m’ont définitivement quitté qu’hier.

Adieu, pauvre chérie. Il me tarde de te voir. Nous avons bien des choses à nous dire.

Je t’embrasse.

Ta vieille Nounou.


  1. Son beau-fils, le peintre Georges Rochegrosse.