Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 6/1316

Louis Conard (Volume 6p. 399-400).

1316. À LA BARONNE JULES CLOQUET.
Bagnères-de-Luchon [Haute-Garonne]. [Début d’août 1872].
Ma chère Baronne,

Votre bonne lettre en date du 20 ne m’est parvenue qu’hier, après un long détour, et je m’empresse d’y répondre.

Merci d’abord pour votre cordiale invitation ; certainement j’irai vous faire une visite à Saint-Germain, si vous y êtes encore vers la fin ou le milieu de septembre. Voilà déjà près d’un mois que je suis ici avec ma nièce Caroline. Elle avait besoin des eaux et, son mari ne pouvant l’accompagner, c’est moi qui fais l’office de cavalier ou de duègne. Elle me charge de la rappeler à votre souvenir ainsi qu’à celui de votre « cher Jules ». Je pense à lui extrêmement, car je me souviens des vacances de l’année 1840 !

Tout ce que je revois me remet en mémoire sa compagnie et sa personne.

Le temps est très chaud, nous sortons fort peu, et nous ne sommes pas, ma compagne et moi, d’une gaieté excessive. Pour fuir l’oisiveté, je tâche de travailler, mais je n’ai pas de cœur au travail. Il me faudra du temps pour me remettre de tous les deuils que j’ai subis depuis trois ans !

Adieu, chère madame ; embrassez pour moi le bon M. Cloquet, et croyez à la sincérité de mon attachement.

Votre très humble et dévoué.