Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 6/1302

Louis Conard (Volume 6p. 382-383).

1302. À GEORGE SAND.
[Croisset, 4 juin 1872.]

Les heures que je pourrai vous donner, chère maître ? Mais toutes mes heures, maintenant, tantôt et toujours.

Je comptais m’en aller vers Paris à la fin de la semaine prochaine, le 14 ou le 16. Y serez-vous encore ? Sinon j’avancerai mon départ.

Mais j’aimerais beaucoup mieux que vous vinssiez ici. Nous y serions plus tranquilles, sans visites ni importuns. Plus que jamais, j’aimerais à vous avoir maintenant dans mon pauvre Croisset.

Il me semble que nous avons de quoi causer sans débrider pendant vingt-quatre heures. Puis je vous lirai Saint Antoine, auquel il ne manque plus qu’une quinzaine de pages pour être fini. Cependant ne venez pas si votre coqueluche continue. J’aurais peur que l’humidité ne vous fît du mal.

Le maire de Vendôme m’a invité à « honorer de ma présence » l’inauguration de la statue de Ronsard, qui aura lieu le 23 de ce mois. J’irai. Et je voudrais même y prononcer un discours qui serait une protestation contre le Panmuflisme moderne. Le prétexte est bon. Mais pour écrire congrument un vrai morceau, la vigousse et l’alacrité me manquent.

À bientôt, chère maître. Votre vieux troubadour qui vous embrasse.