Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 6/1078

Louis Conard (Volume 6p. 89-90).

1078. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, samedi soir, 6 novembre 1869.

Je n’ai rien de neuf à te dire, depuis ton départ, ma chère Caro. Je travaille toujours la Féerie avec d’Osmoy. Mon roman paraîtra le 17 courant. On me promet mon étoffe pour le milieu de la semaine prochaine. J’ai été ce matin rue de Clichy. L’appartement de ta bonne maman ne sera pas prêt avant vendredi ou samedi. Je ne sais pas comment elle va prendre la chose. Je lui ai écrit tantôt, pour la calmer.

Et vous ? Le voyage s’est-il bien passé[1] ? Je m’attends à une lettre de toi lundi. Mais écris surtout à notre pauvre vieille, qui s’ennuie là-bas démesurément.

Les petites bottes de fourrure ont-elles été utiles ? J’imagine que non, car le temps s’est bien radouci.

J’ai été hier à l’Odéon voir Sarah Bernhardt, dans le quatrième acte de la Conjuration d’Amboise. J’étais dans un bel état nerveux ! J’en suis encore tout brisé aujourd’hui ! Cette représentation (à bénéfice) a été splendide. J’y ai entendu la Patti qui m’a semblé, ce soir-là, merveilleuse. Voilà !

Embrasse ton mari pour moi, dis de ma part à ta compagne tout ce que tu pourras trouver de plus gentil, et ramène-toi en bon état ma chère nièce que j’aime.

Ton vieux ganachon.

  1. Mme Commanville accompagnait son mari en Prusse pour un voyage d’affaires.