Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 6/1057

Louis Conard (Volume 6p. 64-65).

1057. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, mardi, 10 heures, 31 août 1869.
Mon Loulou,

J’irai dîner demain à Saint-Gratien et je parlerai du consulat derechef. On dit que l’Empereur a la même maladie que Sainte-Beuve. Je ne sais si c’est vrai. Ma prochaine lettre te renseignera là-dessus positivement. Tu feras des reproches, de ma part, à ta bonne maman. Elle ne m’écrit pas. Pourquoi ? Il m’est, jusqu’à présent, impossible de te dire l’époque de ma petite excursion à Dieppe. Je voudrais bien ne pas m’absenter de Paris avant d’avoir déménagé complètement. Les peintres auront fini cette semaine, puis j’aurai les tapissiers, puis il faudra transférer mes meubles. Bref, ne compte pas sur ton vieux Cruchard avant quinze jours ou trois semaines, du 15 au 20 septembre.

Je corrige tous les jours trois épreuves. Tous mes projets de voyage, sauf celui de Dieppe, sont abandonnés.

Je ne suis pas sorti hier, de toute la journée. Mais je recommence mes trimbalages aujourd’hui.

Je m’ennuie énormément de toi, mon pauvre Carolo, et je voudrais être à Croisset tout bonnement, dans ta charmante compagnie, à travailler Saint Antoine. Voilà le fond de mon cœur.

Parle-moi un peu de tes lectures sérieuses et de tout ce que tu voudras. Je tiens, dans ta correspondance, à la quantité, étant sûr du reste. Adieu, chérie.

Vieux.