Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0874
Il faut d’abord que je vous remercie pour les bonnes pages que vous m’avez envoyées de là-bas. Ensuite que je vous dise combien je suis content de vous savoir revenue, puisque vous désiriez ce retour.
L’air du chez soi est doux, quand il nous a manqué pendant longtemps. La maison sourit, les murailles vous reconnaissent, les fauteuils vous tendent les bras, comme pour vous embrasser.
C’est aujourd’hui mercredi. Vos hôtes habituels doivent être chez vous. Je m’y place par la pensée et ne suis pas un de ceux qui se réjouissent le moins de vous revoir. Je vous souhaite, toutefois, un meilleur temps qu’ici où il pleut sans discontinuer, à verse, à flots, par barriques, par océans. Mais je fais du feu et je travaille. Il faut bien se consoler avec des rêves de tout ce qui nous manque, le soleil, et le reste !
Ce qui me manque, surtout, Princesse, c’est de vous voir plus souvent. J’espère avoir cet honneur, qui est un plaisir, vers la fin du mois prochain.
Mais d’ici là, quand vous n’aurez rien de mieux à faire, traitez-moi comme en voyage et envoyez un peu de vos nouvelles à votre