Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0867

Louis Conard (Volume 5p. 237-238).

867. À MADEMOISELLE AMÉLIE BOSQUET.
Croisset, dimanche 22 [sic, pour 23 septembre 1866].

Que devenez-vous ? Où êtes-vous ? Que faites-vous ?

Ce n’est pas gentil d’oublier comme ça un homme qui vous aime.

Je n’ai pas été chez vous, à Paris, au mois d’août, parce que je vous croyais chez Mme Fourneaux. Vous n’êtes donc pas revenue par Rouen ?

J’ai eu, depuis six semaines, une vague colique, révérence parler, qui m’amollissait singulièrement ; mais le vent de la mer (j’arrive de Dieppe) m’a retapé, et je vais me remettre à mon lourd bouquin. J’espère avoir fini la 2e  partie à la fin de février. Restera la 3e  !

Bref, je n’aurai pas terminé le tout avant deux ans ! Il est inutile que je vous ennuie de mes jérémiades ; mais je suis terriblement inquiet de ce livre. Sa conception me paraît vicieuse.

Que pensez-vous de Camors ?

Ma mère est à Ouville, chez ma nièce Juliette ; j’ai passé trois jours chez mon autre nièce à Dieppe. J’attends la semaine prochaine des parents de Champagne, et vers le milieu d’octobre G. Sand. Je resterai ici jusqu’à la fin de février. Voilà tout ce que j’ai à vous dire, il me semble.

Je baise les deux côtés de votre charmant col, puisque vous ne m’abandonnez que ça ; vous avez pourtant de ravissantes paupières brunes qui… allons ! je deviens inconvenant !

Tout à vous.