Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0838

Louis Conard (Volume 5p. 202-203).

838. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris [février 1866].
Chère Caro,

Ta grand’mère a l’intention de descendre chez moi ; mais je n’avais pas songé que je n’ai pas de place pour Joséphine. Elle va sans doute te montrer ma lettre où tu verras mes explications. Je n’ai pas de place pour mettre un troisième lit chez moi, puisque mon domestique couche dans la cuisine ; de plus, il me manque des matelas et des couvertures.

Tu connais assez ta grand’mère pour comprendre qu’elle va croire que je ne veux pas la recevoir et que tout cela est un prétexte ; tâche de lui faire entendre raison. Je ne demande pas mieux que de la loger, mais, franchement, Joséphine me gênerait, outre que je ne vois pas moyen de nous tasser tous dans mon domicile. Il faut donc : 1o  ou qu’elle se résigne à se passer de femme de chambre ; 2o  ou que j’envoie chaque soir mon domestique coucher à l’hôtel, ou 3o  que ta grand’mère descende au Helder, — ce qui franchement serait plus simple et plus commode pour elle et pour moi. Mais je me pendrais plutôt que de le lui dire moi-même ; et je te prie, ma chère Carolo, de ne pas lui dire que je t’ai écrit à ce sujet. je compte sur ta discrétion.

Et t’embrasse.

Ton vieil oncle.

Réponds-moi tout de suite, de manière que j’aie une lettre dimanche matin.

Dimanche soir, je passerai au Helder si mon rhume a diminué ; je ne fais que tousser, cracher et moucher.