Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0839

Louis Conard (Volume 5p. 203-204).

839. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, 15 février 1866.
Chère Caro,

Je ne sais pas si je pourrai aller te voir rue du Helder lundi matin, parce que ce jour-là j’aurai à faire ranger mon logement pour ta grand’mère ; je dîne chez Sainte-Beuve et je dois prendre en route Mme Sand. Aussi est-il peu probable que j’irai au chemin de fer au-devant de ma mère.

Si tu ne me vois pas dimanche soir à ton hôtel, entre 11 heures et minuit, tu serais bien aimable de venir chez moi le lundi dans la matinée : je voudrais te parler.

J’espère que tu vas te reposer un peu, car si tu continuais la « vie brûlante », tu te ferais crever, mon bibi.

Comme il y a longtemps que nous ne nous sommes vus ! J’ai bien envie de te bécoter.

Tu vois que moi, je suis un homme exact, et que je réponds de suite aux lettres.

Le Lion amoureux est une infection, et Ponsard un idiot. Tu peux le dire sans crainte ; mais il est convenu que c’est beau.

Adieu. Je t’embrasse bien fort.

Ton vieux.

Embrasse Ernest pour moi.

P.-S. — Êtes-vous heureux de quitter momentanément votre infecte patrie ?

2e P.-S. — Je te dispense de faire, de ma part, le moindre compliment à mes amis et connaissances.