Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0834
Voici la carte photographique que vous avez eu la bonté de me demander. Je la reçois à l’instant même et vous l’envoie bien vite, en vous priant d’excuser mon retard involontaire. Tel est le résultat de trois essais ! Celui-là vaut-il mieux que les deux autres ? J’en doute ; il me semble que je n’ai pas d’habitude la main droite si noire, ni l’œil gauche si malade.
Je suis chargé près de Votre Altesse d’une commission assez ridicule. La voici.
Vous rappelez-vous la propriété du sieur Narcisse Crépet ? Eh bien, ce jeune bourgeois vient de manquer (style rouennais) de 3 millions (rien que cela) pour avoir joué inconsidérément sur les cotons ! Or il faut de l’argent, et tout de suite, et le plus possible ! Or on est venu m’obséder pour que je propose à Votre Altesse la dite propriété de Varengeville, de 240 000 francs. J’ai eu beau répondre un tas de choses, il a fallu promettre que je vous ennuierais. C’est fait ! Excusez-moi donc ! Et plaignez-moi, Princesse, car me voilà revenu au travail et à la solitude.
Je me mets à vos pieds, vous baise les mains et suis, Madame (quoique la formule soit banale) très sincèrement