Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0830

Louis Conard (Volume 5p. 193-194).

830. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Croisset, mardi soir [1865].

Comment remercier Votre Altesse de son beau cadeau ? Car elle est là !… Je l’ai enfin, cette aquarelle tant cherchée par les gares de Rouen.

Je viens de l’accrocher à mon mur, devant ma table, entre un buste de ma sœur par Pradier et un masque d’Henri IV, en chère et illustre compagnie comme vous voyez.

Étant un pauvre connaisseur en peinture, mes compliments doivent être médiocrement agréables à un artiste comme vous, Princesse. Je m’abstiens donc de tout éloge sur cette œuvre, craignant d’en faire de maladroits.

Cependant, permettez-moi de vous dire qu’elle m’a paru charmante. Où avez-vous trouvé cette jolie tête ? Quel goût dans l’ensemble ! J’adore cette chemise blanche, et les fleurs et le béret ! Tout cela est plein de lumière, de style, de charme et de rêveries.

Eh bien, et nos amis les de Goncourt ? Comme vous avez été brave, mardi dernier ! Toute la littérature doit vous en être reconnaissante !

C’est en arrivant de Compiègne que vous recevrez ce billet. Aussi je vous présente mes hommages, dès votre retour chez vous, Princesse ! Et je me mets à vos pieds en vous priant de croire que je suis

Votre très respectueux et sincèrement affectionné serviteur,

G. Flaubert.