Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0782

Louis Conard (Volume 5p. 132-133).

782. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, jeudi, 5 heures [3 mars 1864].
Ma chère Caro,

Je suis bien content de penser que dans huit jours nous revivrons enfin ensemble ! Les douleurs de genou de ta grand’mère seront dissipées, espérons-le ! et nous passerons encore avant ton mariage quelques moments comme autrefois.

Il fait un temps horrible, bien défavorable aux gens enrhumés. Je tousse et suis sur le bord d’une grippe. Heureusement que le dîner de Bouilhet pour ce soir est manqué. Il devait nous payer un festival à moi, à « l’Idiot » et à Fournier ; mais, ce dernier étant malade par suite des fatigues de Faustine, la partie est remise.

Nous nous bornerons à aller chez le père Michelet en soirée. Et puis demain et après-demain je me prive complètement de bottines et reste chez moi, si ce n’est demain soir où je vais chez la Tourbey. Mais ce qu’il y a de pire, ce sont les courses de jour. Heureusement elles sont finies, Faustine marchant toute seule.

Je vais employer le temps qui me reste, d’ici à mon départ définitif de Paris, à préparer mon terrible roman.

Adieu, ma chère Carolo. Embrasse ta bonne maman bien fort et dis-lui qu’elle touche à la fin de ses maux. Notre pauvre vieille a été bien éprouvée cet hiver.

Un bon baiser de

Ton ganachon d’oncle.