Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0755

Louis Conard (Volume 5p. 91-92).

755. À THÉOPHILE GAUTIER.
[Croisset, début d’avril 1863.]

Comment vas-tu, cher vieux maître ? Le Fracasse avance-t-il ? Penses-tu à Salammbô ? Est-ce qu’il y a quelque chose de nouveau relativement à cette jeune personne ? Le Figaro-Programme en reparle et Verdi est à Paris[1].

Dès que tu auras fini ton roman, viens donc dans ma cabane passer une huitaine (ou plus) selon ta promesse, et nous réglerons le scénario. Je t’attends au mois de mai. Préviens-moi de ton arrivée, deux jours à l’avance.

Je rêvasse à la fois deux livres sans faire grande besogne. J’ai des clous à la gueule et je m’emm…, si l’on peut s’exprimer ainsi.

Il me semble qu’il y a déjà bien longtemps que je n’ai vu ta chère trombine !

J’imagine que nous taillerons ici, dans le silence du cabinet (loin des cours et des femmes), une fière bavette ! C’est pourquoi accours dès que tu seras libre.

Je te baise sur les deux joues.

Amitiés tendres à toute la nichée et particulièrement au Toto.

Je suis victime de la HHHHAINE DES PRÊTRES, ayant été maudit par iceux dans deux églises : Sainte-Clotilde et la Trinité. On m’accuse d’être l’inventeur de travestissements obscènes, et de vouloir ramener le paganisme (sic).


  1. Le Figaro-Programme du 1er avril 1863 annonçait la possibilité de tirer un opéra de Salammbô.