Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 4/0674

Louis Conard (Volume 4p. 422-423).

674. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, mercredi soir [27 février 1861].
Ma chère petite Caro,

Tu peux dire à ta bonne maman que j’espère la voir à la fin de la semaine prochaine. Je lui écrirai encore dimanche comme d’habitude et vous saurez mardi le jour positif de mon arrivée. Je resterai deux jours chez Bouilhet. Narcisse arrivera avant moi.

J’ai demain à dîner Juliette[1] et son mari, avec leurs père et mère.

Je suis indigné contre ton cousin Bonenfant, qui vous lisait du Scribe et du Casimir Delavigne. Voilà de belles lectures ! et un joli style !

Sérieusement, j’ai envie de lui écrire une lettre d’injures.

Tu me dis que tu oublies ton histoire. Mais je vous avais recommandé, jeune fille, de repasser vos cahiers ; il me semble que tu te lâches un peu. Au fait, M. Scribe est plus amusant. Très bien ! Ah ! c’est une jolie conduite !

Malgré les gros yeux que je te fais, j’ai bien envie de t’embrasser, mon pauvre Carolo. Je suis sûr que je vais te trouver grandie.

Comment va le clou de ta bonne maman. Il me tarde d’être à demain matin pour avoir des nouvelles de votre voyage.

Quant à moi, je jouis dans ce moment-ci d’un rhumatisme dans l’épaule qui n’est pas mince. Ça me gêne même pour écrire.

Adieu, mon pauvre loulou.

Ton vieux ganachon d’oncle.

Soigne bien ta bonne maman, tâche d’être l’ange du foyer.


  1. Juliette Flaubert, fille d’Achille.