Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 4/0634

Louis Conard (Volume 4p. 365-366).

634. À CHARLES BAUDELAIRE.

Merci pour votre souvenir, mon cher Baudelaire. J’en ai été à la fois attendri et charmé.

Vos trois pièces m’ont fait énormément rêver. Je les relis de temps à autre. Elles restent sur ma table comme des choses de luxe qu’on aime à regarder ; l’Albatros me semble un vrai diamant. Quant aux deux autres morceaux, mon papier serait trop court si je me mettais à vous parler de tous les détails qui me ravissent.

Vous me demandez ce que je fais ? Je suis attelé à Carthage. C’est un travail de deux ou trois ans pour le moins.

Bouilhet doit venir à Paris dans quelques jours pour son volume de vers qui est sous presse.

Le Théo ne donne pas de ses nouvelles, la Présidente est toujours charmante, et tous les dimanches, chez elle, je rivalise de stupidité avec Henri Monnier. Voilà.

Les bourgeois craignent la guerre et les omnibus roulent sous ma fenêtre. Quoi de plus encore ? Je ne sais rien.

Je vous serre la main bien affectueusement.