Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 4/0613

Louis Conard (Volume 4p. 328-329).

613. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, mardi midi, 23 août 1859.
Mon bichon,

Je vois avec plaisir que vous vous amusez et je regrette bien de n’être pas avec vous, mais il faut être raisonnable !

J’ai reçu hier un mot du jeune Baudry[1] pour vous inviter à venir passer dimanche prochain à la Neuville : il viendrait dès le matin vous chercher en fiacre et vous ramènerait. Je ne lui ai point donné de réponse définitive, car si ta bonne maman se porte bien au bord de la mer, pourquoi ne pas y rester plus longtemps ? Qu’elle suive l’avis de ton oncle. La soignes-tu bien ? es-tu gentille ?

Autre histoire : il m’est arrivé ce matin un billet d’Hamilton Aïdé, qui est au Havre, à l’Hôtel Frascati, avec sa mère. Il se propose de faire un petit voyage en Normandie et de venir me voir à Croisset. Comme c’est un très aimable garçon, je tiendrais à le bien recevoir : il faudra que ta bonne maman les invite à dîner. Ça me fera plaisir ; ils sont vos voisins et vous les avez peut-être rencontrés. Allez leur faire une visite, je vais me mettre incontinent à lire son roman.

Voilà, je crois, toutes les nouvelles. Embrasse pour moi tes parents grands et surtout ta vieille compagne.

Ton oncle,

Tom, bon nègre.

  1. Frère de Frédéric Baudry, bibliothécaire de l’Arsenal.