Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 4/0558

Louis Conard (Volume 4p. 226-227).

558. À JULES DUPLAN.
[Croisset, fin septembre ou premiers jours d’octobre 1857.]

J’en suis arrivé, dans mon premier chapitre, à ma petite femme. J’astique son costume, ce qui m’amuse. Cela m’a remis un peu d’aplomb. Je me vautre comme un cochon sur les pierreries dont je l’entoure, je crois que le mot pourpre ou diamant est à chaque phrase de mon livre. Quel galon ! mais j’en retirerai.

J’aurai certainement fini mon premier chapitre quand vous me reverrez (ce ne sera pas avant le mois de décembre), et je serai peut-être avancé dans le second, car il est impossible d’écrire cela d’un coup. C’est surtout une affaire d’ensemble. Les procédés de roman que j’emploie ne sont pas bons, mais il faut bien commencer par là pour faire voir. Il y aura ensuite bien de la graisse et des scories à enlever afin de donner à la chose une tournure plus simple et plus haute. Le jeune Bouilhet commence son quatrième acte.

Avez-vous suffisamment ri au jeûne ordonné par S. M. Victoria[1] ? Voilà une des plus magistrales bouffonneries que je sache, est-ce énorme !

Ô Rabelais, où est ta vaste gueule ?


  1. Le jeûne avait pour objet d’implorer la protection divine au moment de la révolte des Indes et de l’insurrection de Lucknow.