Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 4/0550

Louis Conard (Volume 4p. 213-214).

550. À JULES DUPLAN.
[Croisset] Mercredi, 5 août [1857].
Mon Bon,

Tâchez de venir le plus tôt que vous pourrez (j’entends d’ici une quinzaine), parce que :

1o J’aurai probablement, à la fin du mois, des parents de Champagne qui viendront ici pour un mois et qui prendront votre chambre ;

2o Je vais me mettre bientôt à écrire !

Quand je dis bientôt, c’est une manière de parler, car la matière s’allonge considérablement ; à chaque lecture nouvelle, mille autres surgissent ! je suis, Monsieur, dans un dédale ! Mon plan, avec tout cela, n’avance nullement, il peut se faire qu’il se cuise intérieurement. Je suis, dans ce moment, perdu dans Pline, que je relis en entier ; j’ai encore à feuilleter Athénée et Plutarque, à lire le Traité de la Cavalerie, de Xénophon, et sa Retraite, plus cinq ou six mémoires de l’Académie des Inscriptions, et puis ce ne sera pas tout, sans doute ! Je commence à être bien harassé de notes ! Il y a au fond de tout cela une horrible venette, je tremble de m’y mettre, c’est comme pour se faire arracher une dent.

Écrivez-moi un mot pour me dire le jour et l’heure de votre arrivée, j’irai vous chercher au chemin de fer ; il y a un train qui part de Paris à 5 heures et qui arrive à 7 heures et demie.

Adieu, vieux, à bientôt.