Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 1/0123

Louis Conard (Volume 1p. 257-258).

123. À LA MÊME.
Mardi matin, 18 août 1846.

Me voilà sur pied, grâce à mon entêtement. En suivant mon propre instinct, je me suis débarrassé en deux jours de ce qui aurait duré huit, et cela malgré l’avis de tout le monde.

Il ne me reste plus que des cicatrices. J’arriverai demain chez toi de 4 heures et demie à cinq heures. J’y compte, c’est sûr… à moins que le diable cette fois ne s’en mêle. Il s’est tellement mêlé de mes affaires qu’il pourrait encore se mêler de celle-ci. À demain donc. Irons-nous prendre Phidias pour dîner ? Quel est ton avis ? Réfléchis bien d’avance à tout cela…

Ah ! dans une trentaine d’heures je me mettrai donc en route. Écoule-toi, journée ! écoule-toi, nuit longue !

Il pleut maintenant, le temps est gris, mais le soleil est dans mon âme.

Adieu, je voudrais bien remplir ces quatre petites pages mais le facteur va arriver tout à l’heure ; je m’empresse de fermer ceci et de le cacheter.

Mille amours.

À demain les vrais, demain je te toucherai. Je crois quelquefois que c’est un rêve que j’ai lu et que tu n’existes pas.