Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 1/0068
J’ai enfin un logement et je viens d’acheter des meubles. Le logis est à l’entrée de la rue de l’Est et coûte 300 francs par an. Quand j’y serai installé, je vous en ferai une description complète qui vous ravira. Le prix des meubles est d’environ 200 francs. La largeur du lit de fer est de trois pieds sur six de long. On n’a plus qu’à m’envoyer les matelas, les couvertures, draps, flambeaux, etc. Le Sr Hamard m’a aidé beaucoup dans mes courses et il débattait les prix avec une manière admirable qui lui a valu, de la part des marchands, des compliments sur ses connaissances en mobilier.
Herbert[1] a sauté à mon cou avec de grands transports de joie et toute sa famille m’a parfaitement reçu. Je suis invité à dîner pour aujourd’hui, ce que j’ai accepté.
Pourquoi ne dessines-tu pas, mon pauvre rat ? Est-ce que l’Art ne doit pas consoler de tout ? ce qui est facile à dire. Rappelle-toi l’arrière-boutique de Montaigne, que tu as admirée, et tâche de t’en faire une. Travaille, lis, dévore du Lingard ; le temps passera plus vite. Pour moi, dès mardi ou mercredi, je vais me mettre à piocher raide et j’espère en un mois avoir fini mon examen et retourner avec vous pour quelque temps.
- ↑ Herbert Collier, frère de Henriette et Gertrude Collier, voir p. xvi.