Correspondance de George Sand et d’Alfred de Musset/Préliminaire 2

Montmorency, 30 mars 1903.


À Monsieur Félix DECORI,
avocat à la Cour d’appel de Paris.


Cher Monsieur,

Le 10 mars 1864, George Sand me confiait sa correspondance avec Alfred de Musset et sa lettre m’instituait « seul juge de la question de mode et d’opportunité de la publication ». — Elle m’autorisait en même temps à déléguer à toute personne à mon choix le mandat qu’elle me conférait. »

Ce précieux dépôt est encore entre mes mains.

Mais, aujourd’hui, en raison de mon grand âge et de mes infirmités, je ne serais plus en état d’accomplir jusqu’au bout la mission que j’avais reçue de Madame Sand, quand bien même des circonstances viendraient en imposer et en justifier l’exécution complète.

Je me vois donc contraint de transmettre les pouvoirs qui m’avaient été donnés.

Or, nul ne me paraît plus qualifié que vous pour me succéder dans l’exécution de ce mandat. — Vous êtes lié d’une vieille amitié avec la famille Sand et vos connaissances professionnelles vous permettront mieux qu’à qui que ce soit, de remplir la mission que je vous remets en toute confiance.

En conséquence, je vous transmets le dépôt qui m’avait été confié et vous substitue dans tous les pouvoirs que m’avait conférés Madame Sand, m’en rapportant à vous du soin de remplir, selon les inspirations de votre conscience, les instructions de mon amie vénérée.

Agréez, cher Monsieur, l’assurance de ma haute estime et de mes sentiments bien cordiaux.

Em. AUCANTE.