Correspondance 1812-1876, 5/1864/DLV



DLV

À M. BERTON PÈRE, À PARIS


Nohant, 5 mai 1864.


Mon cher et charmant enfant,

Voulez-vous vous charger de négocier avec M. Harmant[1] la reprise de Villemer pour le 15 septembre prochain ? M. de la Rounat m’écrit que vous consentez à nous assurer cette reprise, car, sans vous, que serait-elle ? Il n’y aurait pas à y attacher la moindre importance. Si donc vous ne nous abandonnez pas, et je vous en remercie bien sérieusement, il faut que nous obtenions de M. Harmant qu’il vous laisse avec nous le plus longtemps possible, à la charge exclusive de l’Odéon, bien entendu, jusqu’au moment où il aura effectivement besoin de vous. Il m’a dit n’avoir besoin de vous en effet que pour jouer la pièce que je compte lui faire et où vous avez bien voulu accepter le premier rôle. Que cette pièce soit Christian Waldo[2], ou une autre, je me mettrai à ce travail le mois prochain, et je ferai de mon mieux pour arriver en temps utile, c’est-à-dire en janvier, ce qui est bien dans mon intérêt. Jusque-là, quand même vous joueriez encore Villemer, rien ne vous empêcherait de me répéter à la Gaieté. Si vous n’êtes pas effrayé de voir devant vous tant de prose de George Sand, ayez l’obligeance de communiquer ma lettre à M. Harmant en lui offrant tous mes compliments, et de lui demander s’il accepte cet arrangement si simple. Comme, avant tout, il faut que vous l’acceptiez, c’est à vous que je m’adresse pour que nous nous entendions sur toute la ligne et sans perdre de temps. Je ne veux faire une pièce nouvelle qu’autant que vous la jouerez, et il faut que je sois fixée pour y travailler bientôt exclusivement. J’attends donc votre réponse pour cela, et pour dire à M. de la Rounat de traiter de votre rachat avec M. Harmant pour l’automne prochain.

À vous de cœur, mon cher enfant, et toutes les amitiés des miens.

  1. Directeur des théâtres du Vaudeville et de la Gaieté.
  2. Tirée du roman de l’Homme de neige, par Maurice Sand ; non représentée.