Correspondance 1812-1876, 3/1853/CCCLXVIII
CCCLXVIII
À MAURICE SAND, À PARIS
J’ai reçu ta lettre, mon vieux Bouli. J’étais inquiète, toujours à propos de pommes cuites ! et j’avais écrit hier soir à Lambert de me donner de tes nouvelles.
Je suis contente que tu ailles bien. Je vais bien aussi. Il a fait aujourd’hui un temps charmant.
J’ai été avant-hier au spectacle de la Châtre entendre des chanteurs montagnards fort intéressants.
Je travaille avec zèle à une petite comédie qui m’intéresse. C’est pour le Gymnase. — Je cultive toujours les nymphes de Trianon ; mais leurs eaux sont pourries. Ainsi finissent les nymphes en ce siècle de prose ! Je ne me dégoûte pourtant pas de Trianon, parce que les mousses et le lierre sont de tous les temps et sont toujours prêts à renaître. Nini a une brouette et s’en va bruquant dans tous les arbres. Elle est très gentille et demande pourquoi tu es à Paris quand elle est à Nohant.
Rien de nouveau, qu’une lettre de Titine que je t’envoie. Travaille, amuse-toi et aime-moi. Je te bige mille fois.