Correspondance 1812-1876, 3/1852/CCCLII


CCCLII

À M. ALPHONSE FLEURY, À LA CHÂTRE


Nohant, 5 avril 1852.


Mon ami,

Ta volonté soit faite ! Je n’insiste pas, et je ne t’en veux pas, puisque tu obéis à une conviction. Mais je la déplore en un sens, et je veux te dire lequel, afin que nous sachions nous comprendre à demi-mot désormais.

Le point culminant de ton raisonnement est celui-ci : Il faut de grandes expiations et de grands châtiments. La notion de droit ne peut renaître que par des actes terribles de justice.

En d’autres termes, c’est la dictature que tu crois légitime et possible entre nos mains, c’est la rigueur, c’est le châtiment, c’est la vengeance.

Je veux, je dois te dire que je me sépare entièrement de cette opinion et que je la crois faite pour justifier ce qui se passe aujourd’hui en France. Le gouvernement de tous a toujours été et sera toujours l’idéal et le but de ma conscience. Pour que tous soient initiés à leurs droits et à leurs propres intérêts, il faut du temps, il en faut cent fois plus que nous ne l’avions prévu en proclamant le principe souverain du suffrage universel. Il a mal fonctionné, tant pis pour nous et pour lui-même. Que nous lui rendions demain son libre exercice, il se tournera encore contre nous, cela est évident, certain. Vous en conclurez, je pense, qu’il faut le restreindre ou le détruire momentanément pour sauver la France. Je le nie ; je m’y refuse. J’ai sous les yeux le spectacle d’une dictature. J’ai vu celle de M. Cavaignac, qui, je m’en souviens bien, ne t’a pas choqué autant que celle-ci, et qui ne valait certes pas mieux. J’en ai assez ; je n’en veux plus. Toute révolution prochaine, quelle qu’elle soit, ne s’imposera que par ces moyens, qui sont devenus à la mode et qui tendent à passer dans nos mœurs politiques.

Ces moyens tuent les partis qui s’en servent. Ils sont condamnés par le ciel, qui les permet, comme par les masses, qui les subissent. Si la République revient sur ce cheval-là, elle devient une affaire de parti qui aura son jour comme les autres, mais qui ne laissera après elle que le néant, le hasard et la conquête par l’étranger. Vous portez donc dans vos flancs, vous autres qui êtes irrités, la mort de la France. Puissiez-vous attendre longtemps le jour de rémunération que vous croyez souverain et que je crois mortel ! J’espère que les masses s’éclaireront jusque-là, en dépit de tout, qu’elles comprendront que leurs souffrances sont le résultat de leurs fautes, de leur ignorance et de leur corruption, et que, le jour elles seront aptes à se gouverner elles-mêmes, elles renieront des chefs qui reviendraient vers elles avec la terreur en croupe.

Jusque-là, nous souffrirons, soit ! nous serons victimes, mais nous ne serons pas bourreaux. Il est temps que cette vieille question que Mazzini ressuscite soit vidée : la question de savoir s’il faut être politique ou socialiste. Il prononce qu’il faut être désormais purement politique. Je prononce dans mon âme qu’il faut être, quant à présent, socialiste non politique, et l’expérience des années qui viennent de s’écouler me ramène à mes premières certitudes. On ne peut être politique aujourd’hui sans fouler aux pieds le droit humain, le droit de tous. Cette notion du vrai droit ne peut pas s’incarner dans la conscience d’hommes qui n’ont pas d’autre moyen pour le faire prévaloir que de commencer par le violer. Quelque honnêtes, quelque sincères qu’ils soient, ils cessent de l’être dès qu’ils entrent dans l’action contemporaine. Ils ne peuvent plus l’être, à peine de recommencer l’impuissance du gouvernement provisoire. La logique du fait les contraint à admettre le principe des jésuites, de l’inquisition, de 93, du 18 brumaire et du 2 décembre. Qui veut la fin veut les moyens. Ce principe est vrai en fait, faux en morale, et un parti qui rompt avec la morale ne vivra jamais en France, malgré l’apparence d’immoralité de cette nation troublée et fatiguée.

Donc, la dictature est illégitime, devant Dieu et devant les hommes ; elle n’est pas plus légitime aux mains d’un roi que dans celles d’un parti révolutionnaire. Elle a sa légitimité fatale dans le passé, elle ne l’a plus dans le présent. Elle l’a perdu le jour où la France a proclamé le principe du suffrage universel. Pourquoi ? Parce qu’une vérité, n’eût-elle vécu qu’un jour, prend son rang et son droit dans l’histoire. Il faut qu’elle s’y maintienne, au prix de tous les tâtonnements, de toutes les erreurs dont son premier exercice est entaché et entravé inévitablement ; mais malheur à qui la supprime, même pour un jour ! Là reparaît le grand sens des masses, car elles abandonnent celui qui commet cette profanation ; là est toute la cause de l’indifférence avec laquelle le peuple a vu violer sa représentation au 2 décembre. Elle n’était pas encore le produit du suffrage restreint ; mais elle avait décrété la mort du suffrage universel, et le peuple s’est plus volontiers laissé prendre à l’appât d’un faux suffrage universel, qui du moins n’avait pas été débaptisé, et dont il n’a pas compris les restrictions mentales.

« Mais, me diras-tu peut-être, je ne suis pas de ceux qui voudraient revenir avec la dictature et la suppression ou la restriction du suffrage universel. » Pour ce qui te concerne, j’en suis persuadée ; mais alors je te déclare que tu es impuissant, parce que tu es illogique. Cette nation-ci n’est pas républicaine, et, pour qu’elle le devînt, il faudrait la liberté de la propagande ; plus que cette liberté, car elle ne sait pas lire et n’aime pas à écouter. Il faudrait l’encouragement donné d’en haut à la propagande ; il faudrait peut-être la propagande imposée par l’État. Fort bien ! Quel sera le gouvernement assez fort pour agir ainsi ? Une dictature révolutionnaire, je n’en vois pas d’autre. Qui la créera ? une révolution ? Soit. Faite par qui ? Par nous, que la majorité du vote repousse et sacrifie ? Ce ne pourra être alors que par une conspiration, par un coup hardi, par un hasard heureux, par une surprise, par les armes. Combien y resterons-nous ? Quelques mois pendant lesquels, pour préparer le bon résultat du suffrage, nous ferons de la terreur sur les riches, et par conséquent de la misère sur les pauvres. Et les pauvres ignorants voudront de nous ? Allons donc ! Un ouvrier a dit une belle parole en mettant trois mois de misère au service de l’idée ; mais est-ce qu’il y a eu de l’écho en France ? est-ce que le pauvre ne sera pas toujours pressé de se débarrasser, par le vote, d’un pouvoir qui l’effraye et qui ne peut pas lui donner des satisfactions immédiates, quoi qu’il ose et quoi qu’il fasse ? Non, cent fois non, on ne peut pas faire une révolution sociale avec les moyens de la politique actuelle ; ce qui a été vrai jusqu’ici est devenu faux, parce que le but de cette révolution est une vérité qui n’a pas encore été expérimentée sur la terre, et qu’elle est trop pure et trop grande pour être inaugurée par les moyens du passé, et par nous-mêmes, qui sommes encore à trop d’égards les hommes du passé. Nous en avons la preuve sous les yeux. Voici un système qui, au fond, porte en lui-même un principe de socialisme matérialiste qu’il ne s’avoue pas, mais qui est sa destinée propre, son innéité fatidique, son unique moyen d’être, quoi qu’il fasse pour s’y soustraire et pour caresser les besoins d’aristocratie qui le rongent lui-même. Le jour où il laissera trop peser la balance de son instinct aristocratique, il sera perdu. Il faut qu’il caresse le peuple ou qu’il périsse. Il le sait bien et il frémit sur sa base à peine jetée dans le sol. Pourquoi ce pouvoir est-il impossible à consolider sans violence et sans faiblesse ? Car il offre le spectacle de ces deux extrêmes qui se touchent toujours et partout. C’est parce qu’il est l’œuvre des souvenirs du passé, impuissant à entraver comme à fonder l’avenir, et à obtenir un autre résultat que le désordre moral et le chaos intellectuel. Si l’ordre matériel réussit à s’y faire, et j’en doute, quel sera le progrès véritable ? Aucun, selon moi, dont l’avenir puisse lui savoir gré. À présent que je le regarde et que je le juge avec calme, je vois son œuvre et son rôle dans l’histoire. Il est une nécessité matérielle des temps qui l’ont produit. Il est une véritable lacune dans le sens providentiel des événements humains.

Il y a des jours, des mois, des années dans la vie des individus, comme dans celle des nations, où la destinée semble endormie et la Providence insensible à nos maux et à nos erreurs. Dieu semble s’abstenir, et nous sommes forcés, par la fatigue et l’absence de secours extérieurs, de nous abstenir nous-mêmes de travailler à notre salut ; sous peine de précipiter notre ruine et notre mort, nous sommes dans une de ces phases. Le temps devient le seul maître, le temps qui au fond, n’est que le travail invincible de cette mystérieuse Providence voilée à nos regards. Je prendrai un exemple plus saisissant et je comparerai le peuple, que nous avons essayé d’éclairer, à un enfant très difficile à manier, très aveugle, assez ingrat, fort égoïste et innocent, en somme, de ses propres fautes, parce que son éducation a été trop tardive et ses instincts trop peu combattus ; un véritable enfant, en un mot : tous se ressemblent plus ou moins. Quand tous les moyens ont été tentés, dans l’étroite limite où de sages parents peuvent lutter contre la société corrompue qui leur dispute et leur arrache l’âme de cet enfant, n’est-il pas des jours où nous sentons qu’il faut le laisser à lui-même et espérer sa guérison de sa propre expérience ? Dans ces jours-là, n’est-il pas évident que nos exhortations l’irritent, le fatiguent et l’éloignent de nous ? Crois-tu qu’une œuvre de persévérance et de persuasion comme celle de sa conversion peut s’accomplir par la menace et la violence ? L’enfant s’est donné à de mauvais conseils, à de perfides amis. Faut-il venir sous ses yeux frapper, briser, anéantir ceux qui l’ont accaparé ? Sera-ce un moyen de reconquérir sa confiance ? Bien loin de là ! il les plaindra, il les pleurera comme des victimes de notre fureur jalouse et il leur pardonnera tout le mal qu’ils lui auront fait, par l’indignation que lui causera celui que nous leur ferons. Le moyen le plus sûr et le plus naïvement logique n’est-il pas, quand nous nous sentons complètement supplantés par eux, de laisser l’enfant égaré, souffrir de leurs trahisons et s’éclairer sur leur perfidie ?

Il n’y a plus que le sentiment moral, le sentiment fraternel, le sentiment évangélique qui puisse sauver cette nation de sa décadence. Il ne faut pas croire que nous sommes à la veille de la décadence : nous y sommes en plein, et c’est se faire trop d’illusions que d’en douter ; mais l’humanité ne compte plus ses revers et ses conquêtes par périodes de siècles. Elle marche à la vapeur aujourd’hui et quelques années la démoralisent, comme quelques années la ressuscitent. Nous entrons dans le Bas-Empire à pleines voiles ; mais c’est à pleines voiles que nous en sortirons. Les idées vraies sont émises pour la plupart, laissons-leur le temps de s’incarner, elles ne sont encore que dans les livres et sur les programmes. Elles ne peuvent pas mourir, elles veulent, elles doivent vivre ; mais attendons, car, si nous bougeons dans les circonstances fatales où nous sommes, et où nous sommes par notre faute, nous allons les engourdir encore et mettre à leur place, des intérêts matériels et des passions violentes. Arrière ces mots de haine et de vengeance qui nous assimilent à nos persécuteurs. La haine et la vengeance ne sont jamais sanctifiées par le droit, elles sont toujours une ivresse, l’exercice maladif de facultés brutales et incohérentes. Il n’en peut sortir que du mal, le désordre, l’aveuglement, les crimes contre l’humanité, et puis la lassitude, l’isolement, l’impuissance.

Mon Dieu, les excès de notre première révolution ne nous ouvriront-ils jamais les yeux ? Les passions n’y ont-elles pas joué un rôle si violent, qu’elles y ont tué l’idée, et que Robespierre, après avoir débuté par flétrir la peine de mort, en arrive à la regarder comme une nécessité politique ? Il croyait tuer le principe de l’aristocratie en détruisant toute une caste ! Une caste nouvelle s’est formée le lendemain, et, aujourd’hui, cette caste ressuscite l’Empire, après avoir cédé la place à celle de la Restauration, que Robespierre n’avait pu empêcher de lui survivre et de procréer !

93 ! cette grande chose que nous ne sommes pas de taille à recommencer, a cependant avorté, grâce aux passions, et vous parlez de garder vos passions comme un devoir de conscience ! Cela est insensé et coupable. Croyez-vous que, le lendemain du jour où vous vous serez bien vengés, le peuple sera meilleur et plus instruit, et que vous pourrez lui faire goûter les douceurs de la fraternité ? Il sera cent fois pire qu’aujourd’hui. Restez donc dehors, vous qui n’avez que de la colère à son service.

Mieux vaut qu’il réfléchisse dans l’esclavage que d’agir dans le délire, puisque son esclavage est volontaire, et que vous ne pouvez l’en affranchir qu’en le prenant par la surprise et la violence d’un coup de main. Mieux vaut que les prétendants se dévorent entre eux, plutôt que des révolutions prétoriennes s’accomplissent. Le peuple n’est pas disposé à y intervenir. Elles passeront sur sa tête et s’affaisseront sur ses propres ruines. Alors le peuple s’éveillera de sa méditation, et, comme il sera le seul pouvoir survivant, le seul pouvoir qu’on ne peut pas détruire dès qu’il a commencé à respirer véritablement, il mettra par terre, sans fureur et sans vengeance, tous ces fantômes d’un jour qui ne pourront plus conspirer contre lui.

Mais cela ne fait pas les affaires des hommes d’action de ce temps-ci. Ils ne veulent pas s’abstenir, ils ne veulent pas attendre. Il leur faut un rôle et du bruit. S’ils ne font rien, ils croient que la France est perdue. La plupart d’entre eux ne se sont-ils pas imaginé qu’ils avaient sauvé la société dans les horribles journées de juin, en abandonnant la populace au sabre africain ? La populace ne l’a pas oublié, elle ne veut plus d’aucun parti, elle s’abstient, c’est son droit. Elle se méfie, elle en a sujet. Elle ne veut plus de politique, elle subit le premier joug venu et s’arrange pour ne pas se faire écraser dans la lutte, puisque c’est son destin éternel. Elle n’est pas si égoïste que l’on croit, elle voit plus loin, dans son épais bon sens, que nous dans nos agitations fiévreuses. Elle attend son jour, elle sent que les hommes d’aucun parti ne veulent ou ne peuvent le lui hâter. Elle sait qu’elle se fût fait mitrailler en décembre au profit de Changarnier, que Cavaignac et consorts eussent fait jonction avec une bonne partie de la bourgeoisie. Nous tombions dans ce pouvoir oligarchique et militaire ; j’aime autant celui-ci. Je suis aussi bête et aussi sage que le peuple : je sais attendre.

Et allons au fond du cœur humain. Pourquoi sais-je attendre ? Pourquoi la majorité du peuple français sait-elle attendre ? Ai-je le cœur plus dur qu’un autre ? Je ne crois pas. Ai-je moins de dignité qu’un homme de parti ? J’espère que non. Le peuple souffre-t-il moins que vous autres ? J’en doute fort. Sommes-nous sur des roses dans ce pays-ci ? Nous ne nous en apercevons guère.

Pourquoi êtes-vous plus pressés que nous ? C’est que vous êtes pour la plupart des ambitieux : les uns des ambitieux de fortune, de pouvoir et de réputation ; les autres, comme toi, des ambitieux d’honneur, d’activité, de courage et de dévouement ; noble ambition sans doute que celle-là, mais qui n’en a pas moins sa source dans un besoin personnel d’agir à tout prix et de croire à soi-même plus qu’il n’est toujours sage et légitime d’y croire. Vous avez de l’orgueil, honnêtes gens que vous êtes ! vous êtes peu chrétiens ! vous croyez que rien ne peut se faire sans vous, vous souffrez quand on vous oublie, vous vous dégoûtez quand on vous méconnaît. Les vanités qui vous coudoient vous abusent, vous chauffent et vous exploitent. Vous avez vécu à l’aise dans cette Assemblée constituante qui a commencé à égorger le socialisme sans s’en douter, ou plutôt en le voulant un peu ; car vous ne vous disiez pas encore socialistes à cette époque, vous vous êtes retrempés plus tard dans le programme de la Montagne, qui est votre meilleure action, votre seul ouvrage durable ; mais il était trop tard et trop tôt pour que cela produisît un bien immédiat, vous aviez déjà fait divorce à votre insu avec le sentiment populaire, que vous eussiez voulu féconder, et qui s’éteignait dans la méfiance, pour se jeter dans la passion ou se laisser tomber dans l’inertie. Vous avez pourtant fait pour le mieux, selon vos lumières et vos forces ; mais vous étiez poussés par les passions autant que par les principes, et vous avez commis tous plus ou moins, dans un sens ou dans l’autre, des fautes inévitables ; qu’elles vous soient mille fois pardonnées !

Je ne suis pas de ceux qui s’entr’égorgent dans les bras de la mort. Mais je dis que vous ne pouvez plus rien avec ces passions-là. Votre sagesse, par conséquent votre force, serait de les apaiser en vous-mêmes, pour attendre l’issue du drame qui se déroule aujourd’hui entre le principe de l’autorité personnelle et le principe de la liberté commune : cela mériterait d’être médité à un point de vue plus élevé que l’indignation contre les hommes. Les hommes ! faibles et aveugles instrumens de la logique des causes !

Il serait bon de comprendre et de voir, afin d’être meilleurs, pour être plus forts ; au lieu de cela, vous vous usez, vous vous affaiblissez à plaisir dans des émotions ardentes et dans des rêves de châtiment que la Providence, plus maternelle et plus forte que vous, ne mettra jamais, j’espère, entre vos mains.

Adieu, mon ami ! d’après toute cette philosophie que j’avais besoin de me résumer et de te résumer en rentrant dans le repos de la campagne, tu vas croire que je m’arrange fort bien de ce qui est, et que je ne souffre guère dans les autres. Hélas ! je ne m’en arrange pas, et j’ai vu plus de larmes, plus de désespoirs, plus de misères, dans ma petite chambre de Paris, que tu n’en as pu voir en Belgique. Là, tu as vu les hommes qui partent ; moi, j’ai vu les femmes qui restent ! Je suis sur les dents après tant de tristesses et de fatigues dont il a fallu prendre ma part, après tant de persévérance et de patience dont il a fallu m’armer pour aboutir à de si minces allègements. Je ne m’en croyais pas capable ; aussi j’ai failli y laisser mes os. Mais le devoir porte en soi sa récompense. Le calme s’est fait dans mon âme, et la foi m’est revenue. Je me retrouve aimant le peuple et croyant à son avenir comme à la veille de ces votes qui pouvaient faire douter de lui, et qui ont porté tant de cœurs froissés à le mépriser et à le maudire !

Je t’embrasse et je t’aime.