Correspondance (d’Alembert)/Correspondance avec Voltaire/130

Œuvres complètes de D’AlembertBelinTome V (p. 221).


Paris, 4 février 1773.


Raton-Belleguier est un saint homme de chat, et le premier chat du monde pour tirer les marrons du feu sans se brûler trop les pattes. Ces marrons ont été reçus, et Bertrand les a distribués à tous les Bertrands ses confrères, dignes de les manger. Tous pensent unanimement que Raton a rendu un précieux service à la cause commune des Bertrands et des Ratons ; mais que Raton n’a rien à craindre pour ses pattes ; et qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat dans la petite espièglerie qu’il vient de faire. Les pauvres rats d’église pourront être un peu mécontents ; mais, cette fois-ci, ils n’oseront pas trop sortir de leurs trous ; il n’y aurait que des coups à gagner pour eux.

Pour remercier Raton de ses bons marrons, Bertrand ne lui renvoie que des marrons d’Inde. Il est impatient de savoir comment Catau aura trouvé le dernier marron du 31 de décembre. Raton devrait bien écrire à Catau que ce marron est meilleur à manger qu’elle ne croit, et que si elle y faisait honneur, tous les Ratons et les Bertrands feraient pour elle des tours et des gambades. Bertrand et ses confrères embrassent et remercient Raton-Belleguier de tout leur cœur.

N. B. Bertrand répète à Raton que le secret sur les marrons d’Inde est nécessaire, jusqu’à ce qu’on sache comment les marrons d’Inde du 31 de décembre auront été accueillis par Catau. Il le prévient aussi que personne, excepté Raton-Belleguier, n’a de copie de ce qu’il lui envoie, et il prie Raton de la garder pour lui seul, mais tout seul.