Correspondance (d’Alembert)/Correspondance avec Voltaire/118

Œuvres complètes de D’AlembertBelinTome V (p. 204-205).


Paris, 12 auguste 1770.


Tous les honneurs, mon cher maître, vous viennent à la fois, et j’en suis ravi. Je lus hier à l’Académie Française la lettre du roi de Prusse, et elle arrêta d’une voix unanime que cette lettre serait insérée dans ses registres, comme un monument honorable pour vous et pour les lettres. Je donnerai à ce monument si flatteur pour vous, et même pour nous tous, toute la publicité qui dépendra de moi, à l’impression près, que je vous prie surtout d’éviter, parce que le roi de Prusse pourrait en être mécontent. Je me souviens que la czarine me fit des reproches dans le temps d’avoir laissé imprimer la lettre qu’elle m’avait adressée, et depuis ce temps j’ai fait vœu d’être extrêmement circonspect à cet égard.

À propos de la czarine, il faut, si vous désirez qu’elle souscrive, que Diderot lui en écrive ; car je ne saurais m’en charger, parce que vraisemblablement je ne serai pas à Paris dans un mois, et par conséquent hors de portée d’avoir sa réponse. Adieu, mon cher maître ; je vous embrasse de tout mon cœur, et compte toujours vous embrasser bientôt en réalité. Je ne doute pas que vous n’ayez déjà écrit au roi de Prusse, et je crois que vous devez aussi un petit mot de remerciement à l’Académie, que vous adresserez au secrétaire.