Correspondance générale, Texte établi par J. Assézat et M. TourneuxGarnierXIX (p. 429-430).


IX

AU PRÉSIDENT DE BROSSES[1].


À Paris, ce (sic) janvier 1755.
Monsieur,

C’est dans l’état où était votre manuscrit sur la matière étymologique et non dans celui où vous vous proposez de le porter que j’en ai été enchanté. Je serais trop difficile si je ne demandais un mieux que je ne conçois pas. Je l’accepte donc comme je l’ai vu et comme il est, et je l’accepte avec toutes les conditions que vous y mettez. Les unes sont trop justes, les autres, nous faisant un devoir de reconnaître devant le public l’obligation que nous aurons, nous sont trop agréables. Ayez donc la bonté de recueillir en notre faveur les fragments dispersés de votre manuscrit et de les adresser à Le Breton, libraire et imprimeur, rue de la Harpe, vis-à-vis de la rue Saint-Séverin. C’est un des associés de l’Encyclopédie.

M. de Buffon m’avait déjà parlé de votre Histoire des terres australes[2]. Je voudrais bien que vous eussiez été à portée d’entendre ce qu’il m’en disait. Le suffrage et les éloges d’un homme tel que lui font la récompense la plus réelle des travaux d’un homme de lettres. Lorsque vos occupations vous permettront de mettre la dernière main à votre morceau sur l’étymologie, je serais très-flatté d’en être l’éditeur, si vous m’estimez toujours assez pour me conserver ce titre ; mais en attendant que vous puissiez le publier séparément, c’est un service dont je sens tout le prix que la liberté que vous nous accordez de le faire connaître. Je vous réponds au nom de tous ceux qui veulent bien coopérer à la perfection de notre Dictionnaire. Il n’y en a aucun qui ne doive craindre de voir votre travail à côté du sien, mais il n’y en a aucun qui ne doive s’en tenir honoré. Je suis avec un profond respect, monsieur, etc.



  1. Inédite. Communiquée par M. Boutron-Charlard.
  2. Histoire des navigations aux terres australes. Paris, Durand, 1756, 2 vol. in-4.