Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (1p. 2-48).

CHAPITRE II.
LA VACHE.
donné à Médine, composé de 286 versets.

Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. L. M.[1] Il n’y a point de doute sur ce livre, il est la règle de ceux qui craignent le Seigneur ;

De ceux qui croient aux vérités sublimes, qui font la prière, et versent dans le sein des pauvres une portion des biens que nous leur avons donnés ;

De ceux qui croient à la doctrine que nous t’avons envoyée du ciel, et aux écritures, et qui sont fermement attachés à la croyance de la vie future.

Le Seigneur sera leur guide, et la félicité leur partage.

Pour les infidèles, soit que tu leur prêches ou non l’islamisme, ils persisteront dans leur aveuglement.

Dieu a imprimé son sceau sur leurs cœurs ; leurs oreilles et leurs yeux sont couverts d’un voile, et ils sont destinés à la rigueur des supplices.

Il est des hommes qui disent : Nous croyons en Dieu et au jour dernier ; et ils n’ont point la foi.

Ils en imposent à Dieu et aux croyans ; mais ils ne trompent qu’eux-mêmes, et ils ne le comprennent pas.

Leur cœur est gangrené. Dieu en a augmenté la plaie ; une peine déchirante sera le prix de leur mensonge.

Lorsqu’on leur dit, Ne vous corrompez pas sur la terre ; ils répondent, Notre vie est exemplaire.

Ils sont des corrupteurs, et ils ne le sentent pas.

Lorsqu’on leur dit, Croyez ce que les hommes croient ; ils répondent, Suivrons-nous la croyance des insensés ? N’est-ce pas eux qui sont les insensés ? Et ils l’ignorent.

À l’abord des fidèles, ils disent : Nous professons la même religion que vous. Avec les fauteurs de leurs hérésies, ils tiennent un autre langage ; ils se déclarent de leur parti, et se jouent des croyans.

Dieu se moquera d’eux ; il épaissira leurs erreurs, et ils persisteront dans leur égarement.

Ils ont acheté l’erreur pour la vérité. Quel avantage en ont-ils retiré ? Ils n’ont point suivi la lumière.

Semblables à ceux qui ont allumé du feu, si Dieu éteint la flamme qui éclaire les objets d’alentour, ils restent dans les ténèbres, et ils ne sauraient voir.

Sourds, muets et aveugles, ils ne se convertiront point.

Ils ressemblent à ceux qui, lorsque la tempête se précipite des cieux avec les ténèbres, les éclairs et la foudre, effrayés par l’image de la mort, se bouchent les oreilles de leurs doigts pour ne pas entendre le bruit du tonnerre ; mais le Tout-Puissant environne les infidèles.

Peu s’en faut que la foudre ne les prive de la vue. Lorsque l’éclair brille, ils marchent à sa lumière : lorsqu’il disparaît, ils s’arrêtent au milieu des ténèbres. Si l’Éternel voulait, il leur ôterait l’ouïe et la vue, parce que rien ne borne sa puissance.

Ô mortels ! adorez le Seigneur qui vous a créés vous et vos pères, afin que vous le craigniez ; qui vous a donné la terre pour lit, et le ciel pour toit ; qui a fait descendre la pluie des cieux pour produire tous les fruits dont vous vous nourrissez. Ne donnez point d’égal au Très-Haut : vous savez…

Si vous doutez du livre que nous avons envoyé à notre serviteur, apportez un chapitre semblable à ceux qu’il renferme ; et si vous êtes sincères, osez appeler d’autres témoins que Dieu.

Si vous ne l’avez pu faire, vous ne le pourrez jamais. Craignez donc un feu qui aura pour aliment les hommes et les pierres, feu préparé aux infidèles.

Annonce à ceux qui croient, et qui font le bien, qu’ils habiteront des jardins où coulent des fleuves. Lorsqu’ils goûteront des fruits qui y croissent, ils diront : Voilà les fruits dont nous nous sommes nourris sur la terre ; mais ils n’en auront que l’apparence. Là ils trouveront des femmes purifiées[2]. Ce séjour sera leur demeure éternelle.

Dieu ne rougit pas plus d’offrir en parabole un moucheron, que des images relevées. Les croyans savent que sa parole est la vérité ; mais les infidèles disent, Pourquoi le Seigneur propose-t-il de semblables paraboles ? C’est ainsi qu’il égare les uns et dirige les autres. Mais il n’égare que les impies.

Ceux qui rompent le pacte du Seigneur, qui violent ses lois et s’abandonnent à la corruption, seront au nombre des réprouvés.

Pourquoi ne croyez-vous pas en Dieu ? Vous étiez morts, il vous a donné la vie ; il éteindra vos jours, et il en rallumera le flambeau. Vous retournerez à lui.

Il créa pour votre usage tout ce qui est sur la terre. Portant ensuite ses regards vers le firmament, il forma les sept cieux. C’est lui dont la science embrasse tout l’univers.

Ton Dieu dit aux anges, J’enverrai mon vicaire[3] sur la terre. Enverrez-vous, répondirent les esprits célestes, un homme qui se livrera à l’iniquité, et versera le sang, tandis que nous célébrons vos louanges, et que nous vous glorifions ? Je sais, reprit le Seigneur, ce que vous ne savez pas.

Dieu apprit à Adam le nom de toutes les créatures, et dit aux anges, aux yeux desquels il les exposa, Nommez-les moi, si vous êtes véritables.

Loué soit ton nom, répondirent les esprits célestes. Nous n’avons de connaissances que celles qui nous viennent de toi. La science et la sagesse sont tes attributs.

Il dit à Adam : Nomme-leur tous les êtres créés ; et lorsqu’il les eut nommés, le Seigneur reprit, Ne vous ai-je pas dit que je connais les secrets des cieux et de la terre ? Vos actions publiques et secrètes sont dévoilées à mes yeux.

Nous commandâmes aux anges d’adorer Adam, et ils l’adorèrent. L’orgueilleux Eblis[4] refusa d’obéir, et il fut au nombre des infidèles.

Nous dîmes à Adam, Habite le paradis avec ton épouse ; nourris-toi des fruits qui y croissent ; étends tes désirs de toutes parts ; mais ne t’approche pas de cet arbre, de peur que tu ne deviennes coupable.

Le diable les rendit prévaricateurs, et leur fit perdre l’état où ils vivaient. Nous leur dîmes, Descendez. Vous avez été vos ennemis réciproques. La terre sera votre habitation et votre domaine jusqu’au temps.

Le Seigneur apprit à Adam la manière d’implorer son pardon. Il écouta la voix de son repentir, parce qu’il est indulgent et miséricordieux.

Nous dîmes, Sortez tous du paradis, je vous enseignerai la voie du salut : celui qui la suivra sera à l’abri de la crainte et de la douleur.

Les incrédules, et ceux qui traitent notre doctrine de mensonge, seront dévoués aux flammes éternelles.

Ô enfans d’Israël ! souvenez-vous des bienfaits dont je vous ai comblés ; conservez mon alliance et je garderai la vôtre ; révérez-moi ; croyez au livre que j’ai envoyé ; il confirme vos écritures ; ne soyez pas les premiers à lui refuser votre croyance ; ne corrompez pas ma doctrine pour un vil intérêt ; craignez-moi.

Ne couvrez pas la vérité du mensonge ; ne dérobez pas son éclat. Vous la connaissez.

Faites la prière ; donnez l’aumône ; courbez-vous avec mes adorateurs.

En commandant la justice, oublierez-vous votre âme ? Vous lisez les écritures ; ne les comprenez-vous donc pas ?

Demandez du secours par la persévérance et la prière. Elles ne sont point à charge à ceux qui sont humbles ;

À ceux qui pensent qu’un jour ils paraîtront devant le tribunal de Dieu.

Enfans d’Israël, souvenez-vous des bienfaits dont je vous ai comblés ! souvenez-vous que je vous ai élevés au-dessus de toutes les nations.

Craignez le jour où une âme ne satisfera point pour une autre, où il n’y aura ni intercession, ni compensation, ni secours à attendre.

Nous vous délivrâmes de la famille de Pharaon et des maux qui vous accablaient. On massacrait vos enfans mâles, on n’épargnait que vos filles. Votre délivrance est une faveur éclatante du ciel.

Nous ouvrîmes pour vous les eaux de la mer ; nous vous sauvâmes de ses abîmes, et vous y vîtes la famille de Pharaon engloutie.

Tandis que nous formions notre alliance avec Moïse, pendant quarante nuits, vous adoriez un veau, et vous fûtes prévaricateurs.

Nous vous pardonnâmes, afin que vous nous rendissiez des actions de grâce ;

Et nous donnâmes à Moïse un livre, avec des commandemens, pour être la règle de vos actions.

Moïse dit aux Israélites : Ô mon peuple ! pourquoi vous livrez-vous à l’iniquité, en adorant un veau ? Revenez à votre créateur ; immolez-vous mutuellement : ce sacrifice lui sera plus agréable ; il vous pardonnera, parce qu’il est indulgent et miséricordieux.

Vous répondîtes à Moïse, Nous ne croirons point jusqu’à ce que nous ne voyons Dieu manifestement. La foudre vous environna, et éclaira votre malheur.

Nous vous ressuscitâmes, afin que vous fussiez reconnaissans.

Nous fîmes descendre les nuages, pour vous servir d’ombrage : nous vous envoyâmes la manne et les cailles, et nous dîmes, Nourrissez-vous des biens que nous vous offrons. Vos murmures n’ont nui qu’à vous-mêmes.

Nous dîmes au peuple d’Israël, Entrez dans cette ville ; jouissez des biens que vous y trouverez en abondance ; adorez le Seigneur en y entrant. Dites, Le pardon soit sur nous. Vos péchés vous seront remis, et les justes seront comblés de nos faveurs.

Les méchans changèrent ces paroles, et nous fîmes descendre sur eux la vengeance du ciel, parce qu’ils étaient criminels.

Moïse demanda de l’eau pour désaltérer son peuple et nous lui ordonnâmes de frapper le rocher de sa baguette. Il en jaillit douze sources. Chacun connut le lieu où il devait se désaltérer. Nous dîmes aux Israélistes, Mangez et buvez de ce que vous offre la libéralité de Dieu ; ne soyez point prévaricateurs, et ne souillez point la terre de vos crimes.

Le peuple s’écria, Ô Moïse ! une seule nourriture ne nous suffit pas. Invoque le Seigneur, afin qu’il fasse produire à la terre des olives, des concombres, de l’ail, des lentilles et des ognons. Moïse répondit, Voulez-vous jouir d’un sort plus avantageux ? Retournez en Égypte, vous y trouverez ce que vous demandez. L’avilissement et la pauvreté furent leur partage. Le courroux du ciel s’appesantit sur eux, parce qu’ils ne crurent point à ses prodiges, et qu’ils tuèrent injustement les prophètes : ils furent rebelles et prévaricateurs.

Certainement les musulmans, les juifs, les chrétiens et les sabéens, qui croiront en Dieu et au jour dernier, et qui feront le bien, en recevront la récompense de ses mains : ils seront exempts de la crainte et des supplices.

Lorsque nous acceptâmes votre alliance, et que nous élevâmes au-dessus de vos têtes le mont Sinaï, nous dîmes, Recevez nos lois avec reconnaissance ; conservez-en le souvenir, afin que vous marchiez dans la crainte.

Bientôt vous retournâtes à l’erreur, et si la miséricorde divine n’eût veillé sur vous, votre perte était certaine. Vous connaissez ceux d’entre vous qui transgressèrent le jour du sabbat[5] ; nous les transformâmes en vils singes.

Ils ont servi d’exemples à leurs contemporains, à la postérité, et à ceux qui craignent.

Dieu, dit Moïse aux Israélites, vous commande de lui immoler une vache[6]. Prétends-tu abuser de notre crédulité ? répondirent-ils. Je retourne vers le Seigneur, ajouta Moïse, pour n’être pas au nombre des insensés. Prie le Seigneur, répliquèrent-ils, de nous déclarer quelle vache nous devons lui sacrifier. Qu’elle ne soit ni vieille ni jeune, ajouta le prophète, mais d’un âge moyen. Faites ce qui vous a été ordonné.

Prie le Seigneur, continua le peuple, de nous faire connaître sa couleur. Qu’elle soit, dit Moïse, d’un jaune clair, qui réjouisse la vue.

Prie le Seigneur de nous désigner plus particulièrement la victime qu’il demande ; nos vaches se ressemblent, et si Dieu veut, il dirigera notre choix.

Qu’elle n’ait point servi à labourer la terre, ni travaillé à l’arrosement des moissons ; qu’elle n’ait point souffert l’approche du mâle ; qu’elle soit sans tâche : tel est le précepte du Seigneur. Maintenant, s’écria le peuple, tu nous as dit la vérité. Ils immolèrent la vache, après avoir été sur le point de désobéir.

Lorsque vous mîtes un homme à mort, et que ce meurtre était l’objet de vos disputes, Dieu produisit au grand jour ce que vous cachiez.

Nous commandâmes de frapper le mort avec un des membres de la vache ; c’est ainsi que Dieu ressuscite les morts, et fait briller à vos yeux ses merveilles, afin que vous compreniez.

Après ce miracle, vos cœurs opiniâtres devinrent plus durs que les pierres ; car à la voix du Très-Haut, le rocher se fendit, et de ses flancs entr’ouverts, coulèrent des ruisseaux. Mais le Tout-Puissant ne néglige pas vos actions.

Prétendez-vous, ô musulmans ! que les juifs aient votre croyance ? Tandis qu’ils écoutaient la parole de Dieu, une partie d’entre eux en corrompait le sens, après l’avoir comprise. Et ils le savaient !

Avec les fidèles, ils se parent de leur religion. Retirés dans leurs assemblées, ils disent, Raconterons-nous aux musulmans ce que Dieu nous a découvert, afin qu’ils disputent avec nous devant lui ? N’en voyons-nous pas les conséquences ?

Ignorent-ils donc que le Très-Haut sait ce qu’ils cachent comme ce qu’ils manifestent ?

Parmi eux, le vulgaire ne connaît le Pentateuque que par la tradition. Il n’a qu’une aveugle croyance. Mais malheur à ceux qui l’écrivant de leur main corruptrice, disent, pour en retirer un faible salaire, Voilà le livre de Dieu ! Malheur à eux parce qu’ils l’ont écrit, et qu’ils en ont reçu le prix !

Ils ont dit, Nous ne serons livrés aux flammes qu’un nombre de jours déterminé. Réponds-leur, Dieu vous en a-t-il fait la promesse ? Ne la révoquera-t-il jamais ? ou plutôt, n’avancez-vous point ce que vous ignorez ?

Certainement les pervers descendront, environnés de leurs crimes, dans les flammes éternelles.

Au contraire les croyans qui auront fait le bien habiteront éternellement le paradis.

Quand nous reçûmes l’alliance des enfans d’Israël, nous leur dîmes, N’adorez qu’un Dieu, soyez bienfaisans envers vos pères, vos proches, les orphelins et les pauvres ; ayez de l’humanité pour tous les hommes ; faites la prière ; donnez l’aumône ; et, excepté un petit nombre d’entre vous, vous avez refusé de suivre ces commandemens, et vous avez marché dans l’erreur.

Quand nous formâmes avec vous le pacte de ne point verser le sang de vos frères, et de ne point les dépouiller de leurs héritages, vous le ratifiâtes, et vous en fûtes témoins.

Vous avez ensuite massacré vos frères ; vous les avez chassés de leurs possessions, vous avez porté dans le sein de leurs asiles la guerre et l’injustice. Lorsqu’il se présente à vous des captifs, vous les rachetez, et il vous était défendu de les traiter hostilement. Croyez-vous donc à une partie de la loi, tandis que vous rejetez l’autre ? Quelle sera la récompense de cette conduite ? L’ignominie dans ce monde, et au jour du jugement l’horreur des supplices, car Dieu ne voit point vos actions d’un œil d’indifférence.

Tels sont ceux qui ont sacrifié la vie future à la vie du monde. Mais la peine qui les attend ne sera point adoucie, et ils n’auront plus d’espoir.

Nous avons donné le Pantateuque à Moïse ; nous l’avons fait suivre par les envoyés du Seigneur. Nous avons accordé à Jésus, fils de Marie, la puissance des miracles. Nous l’avons fortifié par l’esprit de sainteté[7]. Toutes les fois que les envoyés du Très-Haut vous apporteront une doctrine que rejettent vos cœurs corrompus, leur résisterez-vous orgueilleusement ? En accuserez-vous une partie de mensonge ? Massacrerez-vous les autres ?

Ils ont dit, Nos cœurs sont incirconcis. Dieu les a maudits à cause de leur perfidie. Oh ! combien le nombre des croyans est petit !

Après que Dieu leur a envoyé le Coran pour confirmer leurs écritures (auparavant ils imploraient le secours du ciel contre les incrédules), après qu’ils ont reçu ce livre qui leur avait été prédit, ils ont refusé d’y ajouter foi ; mais le Seigneur a frappé de malédiction les infidèles.

Ils ont malheureusement vendu leur âme pour ne pas croire à celui que le ciel leur envoie. La bienfaisance du Seigneur, qui répand ses dons à son gré sur ses serviteurs, a excité leur envie. Ils ont accumulé ire sur ire : mais un supplice ignominieux est préparé aux impies.

Lorsqu’on leur demande : Croyez-vous à ce que Dieu a envoyé du ciel ? Ils répondent : Nous croyons aux écritures que nous avons reçues ; et ils rejettent le livre véritable venu depuis, pour mettre le sceau à leurs livres sacrés. Dis-leur : Pourquoi avez-vous tué les prophètes du Seigneur, si vous aviez la foi ?

Moïse parut au milieu de vous environné de prodiges, et, devenus sacriléges, vous adorâtes un veau.

Lorsque nous eûmes formé avec vous une alliance, et que nous eûmes élevé le mont Sinaï, nous fîmes entendre ces mots : Recevez nos lois avec ferveur ; écoutez-les. Le peuple répondit : Nous t’avons entendu, et nous n’obéirons pas. Les impies abreuvaient encore, dans leurs cœurs, le veau qu’ils avaient formé. Dis-leur : Si vous avez de la foi, ce qu’elle vous commande ne peut être qu’un crime.

Dis-leur : S’il est vrai que vous ayez dans le paradis un séjour séparé du reste des mortels, osez désirer la mort.

Ils ne formeront point ce vœu. Leurs crimes les épouvantent, et Dieu connaît les pervers.

Vous les trouverez plus attachés à la vie que le reste des hommes, plus que les idolâtres mêmes. Quelques-uns d’eux voudraient vivre mille ans ; mais ce long âge ne les arracherait pas au supplice qui les attend, parce que l’Éternel voit leurs actions.

Dis : Qui se déclarera l’ennemi de Gabriel ? C’est lui qui, par la permission de Dieu, a déposé le Coran sur ton cœur, pour confirmer les livres sacrés venus avant lui, pour être la règle de la foi et remplir de joie les fidèles.

Celui qui sera l’ennemi du Seigneur, de ses anges, de ses ministres, de Gabriel et de Michel, aura Dieu pour ennemi, parce qu’il hait les prévaricateurs.

Nous t’avons envoyé des signes éclatans : les pervers seuls se refuseront à leur évidence.

Toutes les fois qu’ils forment un pacte avec Dieu, une partie le rejette. La plupart n’ont point la foi.

Lorsque l’envoyé du Seigneur a paru au milieu d’eux, pour mettre le sceau à la vérité de leurs écritures, une partie a rejeté avec dédain le livre divin, comme s’ils ne l’eussent pas connu.

Ils ont suivi ce que l’enfer avait médité contre Salomon[8]. Salomon était juste, et le diable était infidèle. Il enseignait aux hommes la magie et la science des deux anges Harut et Marut, condamnés à demeurer à Babylone. Ceux-ci n’instruisaient personne avant de dire : Nous sommes la tentation ; prends garde d’être infidèle. Ils apprenaient quelle différence il y a entre l’homme et la femme, et ils ne pouvaient nuire sans la volonté de Dieu ; mais ils n’enseignaient que ce qui est nuisible, et non ce qui est avantageux. Les Juifs savent que ceux qui ont acheté les livres de magie n’auront point de part à la vie future : ils ont, par un malheureux commerce, vendu leurs âmes. S’ils l’eussent su !

La foi et la crainte du Seigneur leur procureraient une meilleure récompense. S’ils le savaient !

Ô croyans ! ne dites point, Considère-nous ; dites, Abaisse tes regards sur nous. Écoutez. Les infidèles sont dévoués à un supplice épouvantable.

Les idolâtres, les chrétiens et les juifs incrédules voudraient que Dieu ne répandit sur vous aucune de ses grâces ; mais il fait éclater sa miséricorde à son gré, et sa bienfaisance est sans bornes.

Si nous omettions un verset du Coran ; ou si nous en effacions le souvenir de ton cœur, nous t’en apporterions un autre meilleur, ou semblable. Ignores-tu que la puissance du Très-Haut embrasse l’univers ?

Ignores-tu que Dieu est le roi des cieux et de la terre, et que vous n’avez de secours à attendre que de lui ?

Demanderez-vous à votre apôtre ce que les juifs demandèrent à Moïse[9] ? Celui qui change la foi pour l’incrédulité, est dans l’aveuglement.

Beaucoup de juifs et de chrétiens, excités par l’envie, ont voulu vous ravir votre foi, et vous rendre infidèles, lorsqu’ils ont vu briller la vérité. Fuyez-les et leur pardonnez, jusqu’à ce que vous receviez l’ordre du Très-Haut, dont la puissance est infinie.

Faites la prière ; donnez l’aumône : le bien que vous ferez vous le trouverez auprès de Dieu, parce qu’il voit vos actions.

Les juifs et les chrétiens se flattent qu’eux seuls auront l’entrée du Paradis. Tels sont leurs désirs. Dis-leur : Apportez des preuves si vous êtes véridiques.

Bien plus, quiconque tournera sa face vers le Seigneur, et exercera la bienfaisance, aura sa récompense auprès de lui, et sera exempt de la crainte et des tourmens.

Les juifs assurent que la croyance des chrétiens n’est appuyée sur aucun fondement ; les chrétiens leur font la même objection : cependant les uns et les autres ont lu les livres sacrés. Les gentils, qui ignorent leurs débats, tiennent à leur égard le même langage. L’Éternel, au jour dernier, jugera leurs différens.

Quoi de plus coupable que de vouloir interdire l’entrée du temple du Seigneur, pour en effacer le souvenir de son nom ? Quoi de plus impie que de travailler à sa ruine ? Ils ne doivent y entrer qu’en tremblant. L’ignominie sera leur partage dans ce monde, et ils seront livrés dans l’autre à la rigueur des tourmens.

L’orient et l’occident appartiennent à Dieu. Vers quelque lieu que se tournent vos regards, vous rencontrerez sa face. Il remplit l’univers de son immensité et de sa science.

Dieu a un fils, disent les chrétiens. Loin de lui ce blasphème : tout ce qui est dans les cieux et sur la terre lui appartient ; tous les êtres obéissent à sa voix.

Il a formé les cieux et la terre. Veut-il produire quelqu’ouvrage, il dit : Sois fait, et il est fait.

Les ignorans disent : Si Dieu ne nous parle, ou si tu ne nous fais voir un miracle, nous ne croirons point. Ainsi parlaient leurs pères : leurs cœurs sont semblables. Nous avons assez fait éclater de prodiges pour ceux qui ont la foi.

Nous t’avons envoyé, avec la vérité, pour être l’organe de nos promesses et de nos menaces, et l’on ne t’interrogera point sur ceux qui seront précipités dans l’enfer.

Les juifs et les chrétiens ne t’approuveront que quand tu auras embrassé leur croyance. Dis-leur que la doctrine de Dieu est la véritable. Si tu descendais à leurs désirs, après la science que tu as reçue, quel protecteur trouverais-tu auprès du Tout-Puissant ?

Ceux à qui nous avons donné le Coran, et qui lisent sa doctrine véritable, ont la foi ; ceux qui n’y croiront pas seront au nombre des réprouvés.

Ô enfans d’Israël ! souvenez-vous des bienfaits dont je vous ai comblés ; souvenez-vous que je vous ai élevés au-dessus de toutes les nations.

Craignez le jour où une âme ne satisfera point pour une autre, où il n’y aura ni compensation, ni intercession, ni secours à attendre.

Dieu tenta Abraham, et Abraham fut juste. Je t’établirai le chef des peuples, dit le Seigneur. Accordez encore cet avantage à mes descendans, répondit Abraham. Mon alliance, reprit le Seigneur, ne comprendra point les méchans.

Nous avons établi la maison sainte pour être l’asile où se réuniront les peuples. La demeure d’Abraham sera un lieu de prière. Nous avons fait un pacte avec Abraham et Ismaël. Purifiez mon temple[10] des idoles qui l’environnent, de celles qui sont renfermées dans son enceinte, et de leurs adorateurs.

Abraham adressa cette prière à Dieu : Seigneur, établis, dans ce pays, une foi durable ; comble de tes faveurs le peuple qui croira à ton unité, et au jour dernier. J’étendrai, répondit le Seigneur, mes dons jusques sur les infidèles ; mais ils jouiront peu. Ils seront condamnés aux flammes, et leur fin sera déplorable.

Lorsqu’Abraham et Ismaël jetèrent les fondemens de ce temple[11], les yeux élevés au ciel, ils s’écrièrent : ô Dieu ! intelligence suprême, daigne recevoir cette sainte demeure.

Fais que nous soyons de vrais musulmans[12] ; fais que notre postérité soit attachée à ton culte ; enseigne-nous nos devoirs sacrés ; daigne tourner tes regards vers nous ; tu es clément et miséricordieux.

Envoie un apôtre de leur nation, pour leur annoncer tes merveilles, pour leur enseigner le Coran et la sagesse, et pour les rendre purs. Tu es puissant et sage.

Qui rejettera la religion d’Abraham, si ce n’est l’insensé ! Nous l’avons élu, dans ce monde, et il sera dans l’autre au nombre des justes.

Quand Dieu lui dit : Embrasse l’islamisme[13] ; Abraham répondit : Je l’ai embrassé ce culte du souverain des mondes.

Abraham et Jacob recommandèrent leur croyance à leur postérité. Ô mes enfans ! dirent-ils, Dieu vous a choisi une religion, soyez-y dévoués jusqu’à la mort.

Étiez-vous témoins, lorsque la mort vint visiter Jacob ? Il dit à ses fils : Qui adorerez-vous après ma mort ? Nous adorerons, répondirent-ils, ton Dieu, le Dieu de tes pères Abraham, Ismaël et Isaac, Dieu unique ; nous serons fidèles musulmans.

Ils ne sont plus ; mais leurs œuvres ne passeront point. Vous retrouverez, comme eux, ce que vous aurez acquis, et on ne vous demandera point compte de ce qu’ils ont fait.

Les juifs et les chrétiens disent : Embrassez notre croyance, si vous voulez être dans le chemin du salut. Répondez-leur : Nous suivons la foi d’Abraham, qui refusa de l’encens aux idoles, et n’adora qu’un Dieu.

Dites : Nous croyons en Dieu, au livre qui nous a été envoyé, à ce qui a été révélé à Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob, et aux douze tribus ; nous croyons à la doctrine de Moïse, de Jésus et des prophètes ; nous ne mettons aucune différence entre eux, et nous sommes musulmans.

Si les chrétiens et les juifs ont la même croyance, ils sont dans la même voie ; s’ils s’en écartent, ils feront un schisme avec toi ; mais Dieu te donnera la force pour les combattre, parce qu’il entend et comprend tout.

Notre religion vient du ciel, et nous y sommes fidèles. Qui, plus que Dieu, a le droit de donner un culte aux hommes ?

Dis-leur : Disputerez-vous avec nous de Dieu ? Il est notre Seigneur et le vôtre : nous avons nos actions, vous avez les vôtres ; mais notre foi est pure.

Direz-vous qu’Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob, et les tribus d’Israël, étaient juifs ou chrétiens ? Réponds : Êtes-vous plus savans que Dieu[14] ? Quoi de plus criminel que de cacher le témoignage du Seigneur ! croit-on qu’il voit avec indifférence les actions des hommes ?

Ces générations ont disparu. Leurs œuvres leur sont restées, comme les vôtres vous resteront. Vous ne rendrez point compte de ce qu’elles ont fait.

L’insensé demandera, Pourquoi Mahomet a-t-il changé le lieu vers lequel on adressait sa prière ? Réponds : L’orient et l’occident appartiennent au Seigneur ; il conduit ceux qu’il veut dans le droit chemin.

Nous vous avons établis, ô peuples d’élus ! pour rendre le témoignage contre le reste des nations, comme votre apôtre le rendra contre vous.

Nous avons changé le lieu vers lequel vous priez, afin de distinguer ceux qui suivent l’envoyé de Dieu, de ceux qui retournent à l’infidélité. Ce changement n’est pénible que pour celui que n’éclaire point la lumière divine. Le Seigneur ne laissera point votre foi sans récompense. Il est clément et miséricordieux.

Déjà nous te voyons lever les yeux vers le ciel. Nous voulons que le lieu où tu adresseras ta prière, te soit agréable. Tourne ton front vers le temple Haram[15]. En quelque lieu que tu sois, porte tes regards vers ce sanctuaire auguste. Les juifs et les chrétiens savent que cette manière de prier, venue du ciel, est la véritable. L’Éternel a l’œil ouvert sur leurs actions.

Quand tu ferais éclater à leurs yeux des miracles, ils n’adopteraient pas cet usage. Tu n’adopteras pas le leur. Parmi eux-mêmes, il est des rites différens. Si tu condescendais à leurs désirs, après la science que tu as reçue, tu serais au nombre des impies.

Les chrétiens et les juifs connaissent le prophète comme leurs enfans ; mais la plupart cachent la vérité qu’ils connaissent.

La vérité vient de Dieu. Elle ne doit point te laisser de doute.

Tous les peuples ont un lieu vers lequel ils adressent leurs prières. Appliquez-vous à faire ce qui est mieux partout où vous serez. Dieu vous rassemblera tous un jour. Rien ne borne sa puissance.

De quelque lieu que tu sortes, tourne ta face vers le temple Haram. Ce précepte est émané de la vérité du Dieu qui pèse les œuvres des hommes.

De quelque lieu que tu sortes, tourne ta face vers le temple Haram. En quelque lieu que tu sois, porte tes regards vers ce sanctuaire auguste, afin que les peuples n’aient point de sujet de t’accuser. Les méchans seuls l’oseront. Ne les crains point, mais crains-moi ; afin que je te comble de faveurs, et que je sois ton guide.

Nous vous avons envoyé un apôtre de votre nation, pour vous prêcher nos merveilles, vous purifier, vous enseigner le livre, et la sagesse ; et pour vous apprendre ce que vous ignoriez.

Conservez mon souvenir, je garderai le vôtre. Rendez-moi des actions de grâces. Ne soyez pas ingrats.

Ô croyans ! implorez le secours du ciel par la prière et la persévérance. Dieu est avec les patiens.

Ne dites pas que ceux qui sont tués, sous les étendards de la loi, sont morts. Au contraire, ils vivent ; mais vous ne les comprenez pas.

Nous vous éprouverons par la crainte, la faim, la diminution de vos facultés, de votre esprit, de vos biens. Heureux ceux qui supporteront ces maux avec patience !

Heureux ceux qui, au sein de l’indigence, s’écrient : Nous sommes les enfans de Dieu ; nous retournerons à lui !

Ceux-là recevront les bénédictions du Seigneur. Pour eux, il fera éclater sa miséricorde. Il les guidera dans le sentier du salut.

Sapha et Merva[16] sont des monumens de Dieu. Celui qui aura fait le pèlerinage de la Mecque, et aura visité la maison sainte, sera exempt d’offrir une victime d’expiation, pourvu qu’il fasse le tour de ces deux montagnes. Celui qui fera plus que le précepte, éprouvera la reconnaissance du Seigneur.

Que ceux qui cachent nos merveilles et notre doctrine, après ce que nous en avons fait connaître dans le Pentateuque, soient maudits de Dieu, des anges, et de tous les êtres créés !

Je pardonnerai à ceux qui, abjurant l’erreur, manifesteront la vérité, parce que je suis clément et miséricordieux.

Mais les prévaricateurs qui mourront dans leur infidélité seront frappés de la malédiction de Dieu, des anges et des hommes.

Ils en seront éternellement couverts. Leurs tourmens ne s’adouciront jamais, et Dieu ne tournera point vers eux ses regards.

Votre Dieu est le Dieu unique. Il n’y en a point d’autre. La miséricorde est son partage.

La création des cieux et de la terre, la succession de la nuit et du jour, le vaisseau qui fend les flots pour l’utilité des humains, la pluie qui descend des nuages, et rend la vie à la terre inféconde, les animaux qui couvrent sa surface, la vicissitude des vents, et des nuages balancés entre le ciel et la terre, sont aux yeux de ceux qui ont la science, des marques de la puissance du Très-Haut.

Ceux qui offrent de l’encens aux idoles, les aiment comme la divinité ; mais l’amour des croyans pour le Seigneur est plus fort et plus durable. Quel spectacle offriront les prévaricateurs, lorsqu’ils seront à la vue du supplice qui les attend ! toute puissance appartient à Dieu, et il est terrible dans ses vengeances.

Les sectaires qui auront brisé les liens qui les attachaient à leurs sectateurs, lorsqu’ils verront les tourmens de l’enfer,

Entendront leurs sectateurs s’écrier, Si nous pouvions retourner sur la terre, nous nous séparerions de ceux qui nous égaraient, comme ils se sont séparés de nous. Dieu leur montrera leurs œuvres. Ils pousseront des soupirs, et demeureront éternellement dans les flammes.

Ô hommes ! nourrissez-vous de tous les fruits de la terre salutaires et permis. Ne suivez pas les séductions de Satan ; il est votre ennemi.

Il vous excite au mal, vous précipite dans le crime, et vous porte à parler témérairement du Très-Haut.

Lorsqu’on presse les infidèles d’embrasser la doctrine que Dieu a révélée, ils répondent : Nous suivons le culte de nos pères. Doivent-ils le suivre, si leurs pères ont marché dans la nuit de l’ignorance et de l’erreur ?

Les incrédules sont semblables à celui qui entend les sons de la voix sans rien comprendre. Sourds, muets et aveugles, ils n’ont point d’intelligence.

Ô croyans ! nourrissez-vous de toutes les productions licites que nous vous avons données pour alimens, et rendez grâces au Seigneur, si vous êtes ses adorateurs.

Dieu vous interdit les animaux morts, le sang, la chair du porc, et tout animal sur lequel on aura invoqué un autre nom que le sien. Celui qui, pressé par la nécessité, et non par le désir de se satisfaire, aurait transgressé la loi, n’aura point à subir de peine expiatoire, parce que le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

Ceux qui, pour un vil intérêt, cachent ce que Dieu a prédit dans les livres sacrés, n’auront pour nourriture qu’un feu dévorant. Le Seigneur ne leur parlera point au jour de la résurrection. Il ne les purifiera point ; et ils seront la proie des tourmens.

Ils ont acheté l’erreur pour la vérité, et les supplices au lieu du pardon. Quelles seront leurs angoisses, au milieu des flammes !

Dieu a envoyé le livre qui renferme la vérité. Ceux qui s’en écartent, marchent dans l’erreur.

Il ne suffit pas, pour être justifié, de tourner son visage vers l’orient ou l’occident ; il faut encore croire en Dieu, au jour dernier, aux anges, au Coran, aux prophètes ; il faut, pour l’amour de Dieu, secourir ses proches, les orphelins, les pauvres, les voyageurs, les captifs et ceux qui demandent ; il faut faire la prière, garder sa promesse, supporter patiemment l’adversité et les maux de la guerre : tels sont les devoirs des vrais croyans.

Ô croyans ! la peine du talion est écrite pour le meurtre. Un homme libre sera mis à mort pour un homme libre, l’esclave pour un esclave, la femme pour une femme. Celui qui pardonnera au meurtrier de son frère, aura droit d’exiger un dédommagement raisonnable, qui lui sera payé, avec reconnaissance.

Cet adoucissement est une faveur de la miséricorde divine. Celui qui portera plus loin la vengeance, sera la proie des tourmens.

Ô vous qui avez un cœur ! vous trouverez dans la peine du talion, et dans la crainte qu’elle inspire, la sûreté de vos jours.

Il est écrit, qu’en mourant, vous laisserez vos biens, par testament, à vos enfans et à vos proches, avec l’équité que doivent avoir ceux qui craignent le Seigneur.

Celui qui changera la disposition du testateur, après l’avoir entendue, sera coupable d’un crime. Dieu voit et entend tout.

Celui qui, craignant une erreur, ou une injustice de la part du testateur, aura réglé les droits des héritiers avec justice, ne sera point coupable. Dieu est clément et miséricordieux.

Ô croyans ! il est écrit que vous serez soumis au jeûne, comme le furent vos pères, afin que vous craigniez le Seigneur.

Les jours du jeûne sont comptés. Celui qui sera malade, ou en voyage, jeûnera dans la suite un nombre de jours égal. Ceux qui, pouvant supporter l’abstinence, la rompront, auront pour peine expiatoire la nourriture d’un pauvre. Celui qui fera volontairement ce qui est mieux, aura une récompense proportionnée. Il sera plus méritoire de jeûner. Si vous le saviez !

Le mois de Ramadan, dans lequel le Coran est descendu du ciel[17], pour être le guide, la lumière des hommes, et la règle de leurs devoirs, est le temps destiné à l’abstinence. Quiconque verra ce mois doit observer le précepte. Celui qui sera malade, ou en voyage, jeûnera dans la suite un nombre pareil de jours. Dieu veut vous conduire avec douceur, afin que vous remplissiez le commandement et que vous célébriez ses louanges. Il prend soin de vous guider lui-même, afin que vous l’honoriez par votre reconnaissance.

Lorsque mes serviteurs te parleront de moi, je serai près d’eux, j’exaucerai ceux qui m’adresseront leurs vœux ; mais qu’ils écoutent ma voix, qu’ils croient en moi, afin que ma grâce les éclaire.

Vous pouvez, la nuit du jeûne, vous approcher de vos épouses. Elles sont votre vêtement, et vous êtes le leur. Dieu savait que vous eussiez été transgresseurs. Il a tourné ses regards sur vous, et vous a pardonné. Voyez vos femmes, et désirez les promesses que le Seigneur vous a faites. Le manger et le boire vous sont permis jusqu’à l’instant où vous pourrez, à la clarté du jour, distinguer un fil blanc d’un fil noir. Accomplissez ensuite le jeûne jusqu’à la nuit. Éloignez-vous pendant ce temps de vos femmes, et passez le jour en prière. Tel est le précepte du Seigneur. Il déclare ses lois aux mortels afin qu’ils le craignent.

Ne dissipez point vos richesses inutilement. Ne les offrez point aux juges, pour ravir injustement l’héritage de vos frères. Vous êtes instruits.

Ils t’interrogeront sur les nouvelles lunes. Dis-leur : Ce sont des temps établis pour l’utilité des hommes. Elles servent à marquer le voyage de la Mecque. La justice ne consiste pas à entrer dans vos maisons par derrière[18], mais à craindre Dieu. Entrez dans vos maisons par la porte, et craignez le Seigneur, afin que vous soyez heureux.

Combattez vos ennemis dans la guerre entreprise pour la religion ; mais n’attaquez pas les premiers. Dieu hait les agresseurs.

Tuez vos ennemis partout où vous les trouverez ; chassez-les des lieux d’où ils vous auront chassés. Le péril de changer de religion est pire que le meurtre. Ne les combattez point auprès du temple Haram, à moins qu’ils ne vous provoquent. S’ils vous attaquent, baignez-vous dans leur sang. Telle est la récompense due aux infidèles. S’ils quittent l’erreur, le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

Combattez vos ennemis jusqu’à ce que vous n’ayez plus à craindre la tentation, et que le culte divin soit établi. Que toute inimitié cesse contre ceux qui auront abandonné les idoles. Votre haine ne doit s’allumer que contre les pervers.

S’ils vous attaquent pendant les mois sacrés, et dans les lieux saints, faites-leur subir la peine du talion. Violez envers eux les lois qu’ils n’observeront pas envers vous. Craignez le Seigneur : souvenez-vous qu’il est avec ceux qui le craignent.

Employez vos biens à soutenir la foi. N’opérez pas, de vos propres mains, votre ruine. Faites le bien. Le Seigneur aime les bienfaisans.

Accomplissez le pèlerinage de la Mecque[19] et la visite du temple, en l’honneur de Dieu. Si vous en êtes empêchés, offrez au moins un léger présent. Ne rasez point vos têtes, jusqu’à ce que la victime soit parvenue au lieu où l’on doit l’immoler. Celui que la maladie ou quelqu’accident obligerait à se raser, aura pour expiation le jeûne, l’aumône ou quelque offrande. Lorsqu’il n’y aura rien à craindre, celui qui entreprendra le pèlerinage de la Mecque, offrira, après avoir visité les saints lieux, ce que son état lui permettra. Celui qui ne pourra rien offrir jeûnera trois jours pendant le voyage, et sept lorsqu’il sera de retour. Ce jeûne complet sera de dix jours. Nous imposons cette pénitence à celui qui n’aura point de serviteurs au temple de la Mecque. Craignez Dieu, il est terrible dans ses vengeances.

Le pèlerinage se fera dans les mois prescrits. Celui qui l’entreprendra doit s’abstenir des femmes, du crime et des dissensions. Le bien que vous ferez sera connu de Dieu. Prenez des provisions pour le voyage. La meilleure est la piété. Craignez-moi, vous qui avez un cœur.

Il ne vous est point défendu de rechercher les biens de Dieu. Lorsque vous retournerez du mont Arafat, souvenez-vous du Seigneur près du monument Haram. Souvenez-vous de lui, parce qu’il vous a éclairés, et que si vous étiez venus avant ce temps, vous auriez été dans l’erreur.

Revenez de ce lieu, d’où les autres hommes reviendront, et implorez la clémence du Seigneur. Il est indulgent et miséricordieux.

Lorsque vos saintes cérémonies seront accomplies, que le souvenir de Dieu excite dans vos cœurs un amour encore plus grand que celui de vos proches. Il est des hommes qui disent : Seigneur, donne-nous notre portion de biens dans ce monde. Ils n’auront point de part à la vie future.

D’autres disent : Verse tes dons sur nous dans ce monde et dans l’autre, et nous délivre de la peine du feu.

Ils auront tous leurs œuvres pour héritage. Dieu est exact dans ses jugemens.

Souvenez-vous du Seigneur dans les jours marqués. Celui qui aura hâté ou retardé son voyage d’un jour n’aura point de peine à subir s’il craint Dieu. Ayez sa crainte toujours présente : sachez que vous retournerez à lui.

Il est des hommes qui, en discourant des choses mondaines, ravissent votre admiration. Ils prennent Dieu à témoin de la sincérité de leurs cœurs ; mais ils sont ardens à disputer.

À peine vous ont-ils quittés qu’ils se livrent à l’injustice. La ruine accompagne leurs pas. Dieu hait les hommes corrompus.

Qu’on leur parle de la crainte du Seigneur, ils s’abandonnent à l’orgueil et à l’impiété ; mais l’enfer suffira à leurs crimes. Ils y seront couchés sur un lit de douleur.

Il est des hommes qui se sont vendus eux-mêmes pour plaire à Dieu. Il regarde d’un œil propice ses serviteurs.

Ô croyans ! embrassez l’islamisme dans toute son étendue ; ne marchez pas sur les traces de Satan : il est votre ennemi déclaré.

Si vous tombez après avoir connu la vérité, sachez que Dieu est sage et puissant.

Attendent-ils que le Tout-Puissant vienne, dans l’ombre d’un nuage, accompagné de ses anges ? Alors tout sera consommé ; tout retournera à lui.

Demande aux enfans d’Israël combien de prodiges nous avons fait éclater à leurs yeux. Que celui qui rejette les faveurs de Dieu, sache qu’il est terrible dans ses vengeances.

La vie du monde est parsemée de fleurs pour les infidèles. Ils se moquent des croyans. Ceux qui ont la crainte du Seigneur seront élevés au-dessus d’eux, au jour de la résurrection. Dieu répand à son gré ses dons innombrables.

Les hommes n’avaient qu’une religion. Dieu envoya les prophètes, organes de ses promesses et de ses menaces. Il leur donna les écritures avec le sceau de la vérité, afin qu’ils jugeassent les différens des mortels. Ceux qui reçurent les apôtres ayant connu les prédictions du Seigneur, disputèrent. L’envie leur mit les armes à la main ; mais Dieu conduisit les croyans à la vérité, objet de leurs disputes. Il dirige qui il lui plaît dans le droit chemin.

Croyez-vous entrer dans le paradis sans avoir senti les maux qu’ont éprouvés vos pères ? Le malheur les visita. Ils ressentirent ses angoisses jusqu’au temps où leur apôtre et ceux qui avaient sa croyance s’écrièrent : Quand nous viendra le secours du Seigneur ? Le secours du Seigneur n’est-il pas proche ?

Ils t’interrogeront sur le bien qu’ils doivent faire ; réponds-leur : Secourez vos enfans, vos proches, les orphelins, les pauvres et les voyageurs ; le bien que vous ferez sera connu du Tout-Puissant.

Il est écrit que vous combattrez, et vous avez la guerre en horreur.

Mais vous pouvez haïr ce qui vous est avantageux, et désirer ce qui vous est nuisible. Dieu sait ce qui vous convient, et vous l’ignorez.

Ils te demanderont si l’on combattra dans les mois sacrés ; dis-leur : La guerre, pendant ce temps, vous est pénible ; mais écarter les croyans de la voie du salut, être infidèles à Dieu, chasser ses serviteurs du temple saint, sont des crimes horribles à ses yeux. L’idolâtrie est pire que le meurtre. Les infidèles ne cesseront de vous poursuivre les armes à la main, jusqu’à ce qu’ils vous aient enlevé votre foi, s’il est possible. Celui de vous qui abandonnera l’islamisme et qui mourra dans son apostasie, aura rendu vain le mérite de ses œuvres dans ce monde et dans l’autre. Il sera dévoué aux flammes éternelles.

Les croyans qui quitteront leur patrie et combattront pour la foi, auront lieu d’espérer la miséricorde divine. Dieu est indulgent et miséricordieux.

Ils t’interrogeront sur le vin et les jeux de hasard ; dis-leur qu’ils sont criminels et plus funestes qu’utiles. Ils t’interrogeront sur l’aumône :

Réponds-leur : Donnez votre superflu ; c’est ainsi que Dieu vous fait connaître ses lois, afin que vous gardiez son souvenir dans ce monde et dans l’autre.

Ils te demanderont ce qu’ils doivent aux orphelins. Dis-leur : Faites fructifier leurs héritages.

Si vous faites communauté de biens avec eux, souvenez-vous qu’ils sont vos frères, et que Dieu sait distinguer le coupable d’avec le juste. Il peut vous affliger à son gré. Il est puissant et sage.

N’épousez point les idolâtres jusqu’à ce qu’elles aient la foi. Une esclave fidèle vaut mieux qu’une femme libre infidèle, quand même celle-ci vous plairait davantage. Ne donnez point vos filles aux idolâtres, jusqu’à ce qu’ils aient embrassé votre croyance. Un esclave fidèle vaut mieux qu’un incrédule, quand même celui-ci serait plus aimable.

Les infidèles vous appellent au feu, et Dieu vous ouvre le Paradis. Il fait grâce à qui il lui plaît, et montre ses prodiges aux hommes, afin qu’ils gardent son souvenir.

Ils t’interrogeront sur les règles des femmes : Dis-leur : C’est une tache naturelle. Séparez-vous de vos épouses pendant ce temps, et ne vous en approchez que quand elles seront purifiées. Lorsqu’elles seront lavées de cette tache, venez à elles comme vous l’ordonne Dieu. Il aime ceux qui font pénitence et qui sont purs.

Vos femmes sont votre champ. Cultivez-le toutes les fois qu’il vous plaira. Prémunissez vos cœurs. Craignez le Seigneur, et songez que vous retournerez à lui. Annonce aux croyans le bonheur qui les attend.

Ne jurez point par le nom de Dieu, que vous serez justes, pieux, et que vous maintiendrez la paix parmi vos semblables. Il sait et entend tout.

Dieu ne vous punira pas pour une parole échappée dans vos juremens. Il vous punira si vos cœurs y ont consenti. Il est indulgent et miséricordieux.

Ceux qui jureront de n’avoir point de commerce avec leurs femmes[20] auront un délai de quatre mois. Si pendant ce temps ils reviennent à elles, le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

Si le divorce est fermement résolu, Dieu sait et entend tout.

Les femmes répudiées laisseront écouler trois mois avant de se remarier. Elles ne pourront cacher qu’elles sont enceintes, si elles croient en Dieu et au jour du jugement. Il est plus équitable alors que le mari les reprenne, s’il désire une sincère réconciliation. Il faut que les femmes se comportent avec la décence convenable, et que les maris aient sur elles la prééminence.

La répudiation n’aura lieu que deux fois. Les maris garderont leurs femmes avec humanité, ou les renverront avec justice. Ils ne peuvent rien retenir de leur dot, à moins que les deux époux ne craignissent de passer les bornes prescrites par le Seigneur. Alors le mari a droit de se racheter de la rigueur de la loi. Tels sont les préceptes divins. Ne les transgressez pas. Ceux qui les violentent sont criminels.

Celui qui répudiera trois fois une femme[21] ne pourra la reprendre qu’après qu’elle aura passé dans la couche d’un autre époux qui l’aura répudiée. Il leur sera permis alors de se réunir, s’ils croient pouvoir observer les Commandemens de Dieu. Il les annonce à ceux qui ont la science.

Lorsque vous aurez répudié une femme, et que le temps de la renvoyer sera venu, gardez-la avec humanité, ou la renvoyez avec bienfaisance. Ne la retenez point par force, de peur d’être prévaricateurs. Cette conduite serait injuste. Ne faites pas un jeu des lois divines. Souvenez-vous des grâces dont le ciel vous a comblés. Souvenez-vous qu’il vous a envoyé le livre qui renferme la sagesse. Craignez le Seigneur. Sachez que sa science est infinie.

Lorsque la femme que vous aurez répudiée aura attendu le temps marqué, ne l’empêchez pas de former légitimement un second hymen. Ces préceptes regardent ceux qui croient en Dieu et au jour dernier. Ils sont justes et sages. Dieu sait, et vous ne savez pas.

Les mères allaiteront leurs enfans deux ans complets, s’ils veulent téter pendant ce temps. La nourriture et le vêtement de la femme regardent l’époux. Il doit l’entretenir comme il convient, suivant ses facultés. Les parens ne seront pas contraints de faire pour leurs enfans plus qu’ils ne peuvent, ni les tuteurs pour leurs pupilles. Il sera permis à la mère de sevrer son nourrisson, du consentement du mari. Ils peuvent aussi appeler une nourrice, pourvu qu’il lui payent fidèlement ce qu’ils auront promis. Craignez le Seigneur. Sachez qu’il a l’œil ouvert sur vos actions.

Les femmes que vous laisserez en mourant, attendront quatre mois, et dix jours. Ce terme expiré, vous ne serez point responsables de ce qu’elles feront légitimement. Dieu voit vos œuvres.

Le désir d’épouser une femme, soit que vous le fassiez paraître, soit que vous le receliez dans vos cœurs, ne vous rendra point coupables devant Dieu. Il sait que vous ne pouvez vous empêcher de songer aux femmes ; mais ne leur promettez pas en secret, à moins que l’honnêteté de vos discours ne voile votre amour.

Ne serrez les liens du mariage que quand le temps prescrit sera accompli. Sachez que Dieu connaît le fond de vos cœurs. Craignez-le, et n’oubliez pas qu’il est clément et miséricordieux.

Vous ne serez soumis à aucune peine, en répudiant une femme avec qui vous n’aurez point eu commerce, ou à qui vous n’aurez point assigné de dot. Ce que vous donnerez à vos femmes doit répondre à vos facultés. Le riche et le pauvre les doteront différemment. La justice et la bienfaisance doivent régler leurs dons.

Celui qui répudiera une femme dotée, avant d’avoir eu commerce avec elle, lui laissera la moitié de la dot ; mais du consentement des deux époux, ou de celui seul du mari, la femme peut recevoir la dot entière, ce qui est plus digne de la piété. N’oubliez pas la bienfaisance entre vous. Le Très-Haut est témoin de vos actions.

Accomplissez exactement la prière, surtout celle du midi. Levez-vous et priez avec dévotion.

Si vous êtes dans la crainte, faites la prière en marchant, ou à cheval ; lorsque vous êtes en sûreté rappelez-vous les grâces du ciel. Songez qu’il vous a enseigné la doctrine que vous ignoriez.

Ceux qui laisseront des épouses en mourant leur assigneront un legs, comme l’entretien pendant une année, et un asile dans leur maison. Si elles sortent d’elles-mêmes, les héritiers ne seront point responsables de ce qu’elles feront avec décence. Dieu est puissant et sage.

Les dédommagemens accordés aux femmes répudiées doivent avoir pour règle la justice et la crainte de Dieu.

C’est ainsi qu’il vous explique ses préceptes divins, afin que vous les conceviez.

Ne vous rappelez-vous pas ceux que la crainte de la mort fit sortir de leurs maisons au nombre de plusieurs milles[22] ? Dieu leur dit, mourez : ensuite il leur rendit la vie, parce qu’il est plein de libéralité pour les hommes. Cependant la plupart ne le remercient point de ses bienfaits.

Combattez pour la défense de la foi, et sachez que Dieu sait et entend.

Celui qui fera au Seigneur le prêt glorieux de ses biens, les verra multiplier au centuple. Il étend, ou resserre ses faveurs à son gré. Vous retournerez tous à lui.

Rappelez-vous l’assemblée des enfans d’Israël, après la mort de Moïse, lorsqu’ils dirent à leur prophète, créez-nous un roi, afin que nous combattions pour la cause de Dieu. Serez-vous prêts à combattre, leur demanda le prophète, lorsque le temps sera venu ? Et qui pourrait, répondirent-ils, nous empêcher de marcher sous l’étendard de la foi ? Nous avons été chassés de nos maisons ; on nous a enlevé nos enfans. Lorsque le jour du combat fut venu, tous prirent la fuite, excepté un petit nombre ; mais le Tout-Puissant voit les pervers.

Le prophète leur dit : Dieu a élu Saül pour votre roi. Comment, reprirent les Israélites, aurait-il l’empire sur nous ? Nous en sommes plus dignes que lui. Il n’a pas même l’avantage des richesses. Le Seigneur, reprit Samuel, l’a choisi pour vous commander. Il a éclairé son esprit, et fortifié son bras. Le Tout-Puissant donne les diadèmes à son gré, parce qu’il possède la science, et que rien ne borne son immensité.

La marque de sa royauté, continua Samuel, sera la venue de l’arche d’alliance[23]. Elle sera le gage de votre sûreté. Avec elle vous recevrez le dépôt qu’a laissé la famille de Moïse et d’Aaron. Les anges la porteront. Ce sera un prodige pour ceux qui ont la foi.

Saül étant sorti avec son armée, dit à ses soldats : Dieu va vous éprouver au bord de ce fleuve. Celui qui s’y désaltérera ne sera point des miens. Ceux qui s’en abstiendront, ou n’avaleront qu’un peu d’eau, dans le creux de leurs mains, seront de mon parti. Presque tous en burent avidement. Lorsque le roi, à la tête des croyans, eut traversé le fleuve, ceux qui s’y étaient désaltérés s’écrièrent : Nous n’avons point de force aujourd’hui contre Goliat et ses soldats. Les fidèles, qui croyaient au jour de la résurrection, répondirent : Combien de fois, par la permission de Dieu une petite troupe a-t-elle vaincu des armées nombreuses ? Le bras du Très-Haut fortifie les braves.

Sur le point de combattre Goliat, ils adressèrent au ciel cette prière : Seigneur, accorde-nous la constance et le courage, affermis nos pas, et viens nous secourir contre un peuple infidèle.

Ils vainquirent leurs ennemis par la volonté de Dieu. David tua Goliat. Le Seigneur lui donna la royauté et la sagesse. Il lui enseigna ce qu’il voulut. Si le Tout-Puissant n’avait balancé les nations les unes par les autres, la corruption eût couvert la terre ; mais il est bienfaisant envers ses créatures.

Ces merveilles sont l’ouvrage du Très-Haut. Nous te les révélons, parce que tu es au nombre de ses apôtres.

Nous élevâmes les prophètes les uns au-dessus des autres. Dieu fit entendre sa voix à ceux-ci. Il favorisa ceux-là de dons particuliers. Nous accordâmes à Jésus, fils de Marie, le pouvoir des miracles : nous le fortifiâmes par l’esprit de sainteté. Si Dieu eût voulu, ceux qui sont venus après ses ministres, n’auraient point disputé. L’esprit de dissension s’est emparé d’eux lorsqu’ils ont vu la vérité. Une partie a cru, une partie a été infidèle. Dieu pouvait à son gré prévenir leurs divisions ; mais il fait ce qu’il lui plaît.

Ô croyans ! donnez l’aumône, des biens que nous vous avons départis, avant le jour l’on ne pourra plus acquérir, où il n’y aura plus d’amitié, plus d’intercession. Les infidèles sont voués à l’iniquité.

Dieu est le seul Dieu, le Dieu vivant et éternel. Le sommeil n’approche point de lui. Il possède ce qui est dans les cieux et sur la terre. Qui peut intercéder auprès de lui, sans sa volonté ? Il sait ce qui était avant le monde, et ce qui sera après. Les hommes ne connaissent de sa majesté suprême, que ce qu’il veut bien leur en apprendre. Son trône sublime embrasse les cieux et la terre. Il les conserve sans effort. Il est le Dieu grand, le Dieu Très-Haut.

Ne faites point de violence aux hommes à cause de leur foi. La voie du salut est assez distincte du chemin de l’erreur. Celui qui abjurera le culte des idoles, pour embrasser la religion sainte, aura saisi une colonne inébranlable. Le seigneur sait et entend tout.

Dieu est le patron des croyans. Il les conduira des ténèbres à la lumière.

Le diable est le patron des incrédules. Il les conduit de la lumière dans les ténèbres, et ils seront précipités dans un feu éternel.

Vous souvient-il de ce roi qui disputa avec Abraham, du Dieu qui avait donné la royauté ? Mon Dieu, dit Abraham, est celui qui donne la vie et la mort. C’est moi, répondit l’impie, qui donne la vie et la mort. Hé bien, ajouta Abraham, Dieu fait lever le soleil à l’orient, fais qu’il se lève à l’occident. L’infidèle resta confondu, parce que le Tout-Puissant n’éclaire point les pervers.

Vous souvient-il du voyageur[24] qui, passant près d’une ville ensevelie sous ses ruines, dit : Comment Dieu ressuscitera-t-il les habitans de cette ville détruite ? Dieu le fit mourir, et il resta cent ans dans cet état, ensuite il le ressuscita, et lui demanda : combien de temps as-tu demeuré ici ? Un jour ou quelques heures, répondit le voyageur. Vois ta nourriture et ta boisson, ajouta le seigneur, elles sont encore en leur entier. Regarde ton âne. Nous avons opéré cette merveille, afin que ton exemple instruise les humains. Vois comment nous allons rassembler et couvrir de chair les os de ton âne. À la vue du miracle, le voyageur s’écria : Je sais maintenant que la puissance de Dieu est infinie.

Lorsqu’Abraham s’écria : Seigneur, fais-moi voir comment tu ressuscites les morts ; ne crois-tu point encore, répondit le Seigneur ? Je crois, reprit Abraham, mais affermis mon cœur dans la foi. Dieu ajouta : Prends quatre oiseaux[25] et les coupe en morceaux ; disperse leurs membres sur la cime des montagnes ; appelle-les ensuite, ils voleront à toi. Sache que le Très-Haut est puissant et sage.

Ceux qui emploient leurs richesses pour défendre la cause sainte sont semblables à un grain qui produit sept épis, dont chacun donne cent grains. Dieu augmente les biens de qui il lui plaît. Sa science égale son immensité.

Ceux qui soutiennent la guerre sainte de leurs biens sans employer les reproches et les voies injustes pour se dédommager de leurs dépenses, ont leur récompense assurée auprès de Dieu. Ils seront à l’abri de la crainte et des angoisses.

L’humanité, dans les paroles et les actions, est préférable à l’aumône que suit l’injustice. Dieu est riche et clément.

Ô croyans ! ne rendez point vain le mérite de vos aumônes, par le murmure et l’iniquité. Celui qui fait l’aumône par ostentation, et qui ne croit pas en Dieu et au jour dernier, est semblable au rocher couvert de poussière. Une pluie abondante survient, et ne lui laisse que sa dureté. Ses actions n’auront aucun mérite aux yeux de l’Éternel ; parce qu’il ne dirige point les infidèles.

Ceux qui n’usent de leurs richesses que pour plaire à Dieu, et qui sont constans dans la pratique des vertus, ressemblent à un jardin placé sur une colline : une pluie favorable, et la rosée désaltèrent la terre, et font croître ses productions en abondance. Dieu voit vos actions.

Qui de vous voudrait avoir un jardin planté de palmiers, orné de vignes, entrecoupé de ruisseaux, et enrichi de tous les fruits de la terre, et être ensuite saisi par la vieillesse, laisser des enfans au berceau et voir ce jardin ravagé par un tourbillon de flammes ? C’est ainsi que Dieu vous annonce ses mystères afin que vous pensiez à lui.

Ô croyans ! faites l’aumône des biens que vous avez acquis, et des productions que nous faisons sortir de la terre ; ne choisissez pas ce que vous avez de plus mauvais pour le donner.

N’offrez point ce que vous ne voudriez pas recevoir, à moins que ce ne fût l’effet d’une convention ; sachez que Dieu est riche et comblé de louanges.

Le diable vous met devant les yeux l’image de la pauvreté. Il vous commande le crime : mais le Seigneur vous promet le pardon et l’abondance. Il est savant et infini.

Il donne la sagesse à qui il lui plaît. Celui qui reçoit cette faveur possède le plus grand des biens. Mais il n’y a que ceux qui ont un cœur à sentir ce bienfait.

L’aumône que vous ferez, le vœu que vous aurez formé, seront connus du ciel. La réprobation ne sera point le partage des bienfaisans. Il est bien de manifester ses bonnes œuvres ; il est mieux de les cacher, et de les verser dans le sein des pauvres. Elles effacent les péchés, parce que le Très-Haut est le témoin des actions.

Tu n’es point chargé de diriger les infidèles. Dieu éclaire ceux qu’il lui plaît. Vous aurez le mérite du bien que vous ferez, et vous en recevrez la récompense ; mais vous ne devez le faire qu’en vue de Dieu. Il est des fidèles combattans sous les étendards de la foi, que leur pauvreté met hors d’état de pourvoir à leurs besoins. Discrets et modestes, l’ignorant les croit riches. Vous les reconnaîtrez à ce signe : ils ne demandent point avec importunité. La bienfaisance dont vous userez à leur égard sera connue de Dieu.

Faites l’aumône le jour, la nuit, en secret, en public. Vous en recevrez le prix des mains de l’Éternel, et vous serez à l’abri des frayeurs et des tourmens.

Ceux qui exercent l’usure ne sortiront de leurs tombeaux que comme des malheureux agités par le Démon, parce qu’ils ont dit qu’il n’y a point de différence entre la vente et l’usure. Dieu aurait-il permis l’une et défendu l’autre ? Celui à qui parviendra cet avertissement du Seigneur, et qui renoncera au mal, recevra le pardon du passé, et le ciel sera témoin de son action. Celui qui retournera au crime sera la proie d’un feu éternel.

Dieu détourne sa bénédiction de l’usure et la verse sur l’aumône. Il hait l’infidèle et l’impie. Mais les croyans qui feront le bien, qui accompliront la prière et feront l’aumône, auront leur récompense auprès de Dieu. Ils seront exempts de la crainte et des supplices.

Ô croyans ! craignez le Seigneur, et si vous êtes fidèles, réparez l’usure que vous avez exercée.

Si vous refusez d’obéir, attendez-vous à la guerre de la part de Dieu et de son apôtre. Si vous obéissez à sa voix, vous retrouverez vos richesses. Ne soyez point injustes, et on ne le sera point envers vous.

Si votre débiteur a de la peine à vous payer, donnez-lui du temps, ou si vous voulez mieux faire, remettez-lui sa dette. Si vous saviez !

Craignez le jour où vous reviendrez à Dieu, où chacun recevra le prix de ses œuvres, et où l’exacte équité présidera aux jugemens.

Ô croyans ! lorsque vous vous obligerez à payer une dette au terme prescrit, qu’un scribe en fasse fidèlement l’obligation. Qu’il écrive, comme Dieu le lui a enseigné ; que le débiteur écrive et dicte ; qu’il craigne le Seigneur, et ne retranche aucun article de la dette. Si le débiteur était ignorant, malade, ou hors d’état de dicter, que son procureur le fasse pour lui, suivant les règles de la justice. Qu’on appelle pour témoins deux hommes, ou à défaut de l’un, deux femmes choisies à votre gré. Si l’une d’elles se trompait par oubli, l’autre pourrait lui rappeler la vérité. Que les témoins portent témoignage toutes les fois qu’ils en seront requis. Qu’on écrive en entier la dette grande ou petite, jusqu’au terme de sa liquidation. Cette précaution est plus juste devant Dieu, plus sûre pour les témoins, et plus propre à ôter les doutes. Si la vente se fait entre personnes présentes, et par échange, vous ne serez point obligés de l’écrire ; appelez les témoins dans vos pactes, et ne faites de violence ni au scribe ni aux témoins. Ce serait commettre un crime. Craignez le Seigneur. Il vous instruire lui-même. Il possède la plénitude de la science.

Si vous êtes en voyage et que vous ne trouviez point de scribe, vous prendrez des gages. Que le débiteur en qui on aura eu de la confiance ait soin de retirer sa foi engagée. Qu’il craigne le Seigneur. Ne refusez point votre témoignage. Celui qui le refuse a le cœur corrompu ; mais Dieu connaît vos actions.

Dieu est le souverain des cieux et de la terre. Soit que vous manifestiez, soit que vous cachiez ce qui est dans vos cœurs, il vous en demandera compte. Il fera grâce à qui il voudra, et punira qui il voudra, parce que rien ne borne sa puissance.

Le prophète a cru dans ce que le Seigneur lui a envoyé. Les fidèles ont embrassé sa croyance. Tous ont cru en Dieu, en ses anges, en ses livres saints, en ses envoyés. Nous ne mettons point de différence entre eux ; ils ont dit : Seigneur, nous avons écouté ta voix, et nous t’avons obéi. Nous implorons ta clémence. Nous reviendrons tous à toi au jour de la résurrection.

Dieu n’exigera de chacun que suivant ses forces. Chacun aura en sa faveur ses bonnes œuvres, et contre lui le mal qu’il aura fait. Seigneur, ne nous punis pas pour des fautes commises par oubli. Pardonne-nous nos péchés. Ne nous impose pas le fardeau qu’ont porté nos pères. Ne nous charge pas au dessus de nos forces. Fais éclater pour tes serviteurs le pardon et l’indulgence : aie compassion de nous. Tu es notre patron. Aide-nous contre les nations infidèles.


  1. Ces lettres, disent les commentateurs du Coran, sont des caractères mystérieux dont il ne faut point chercher à pénétrer le sens. Ils sont persuadés que Dieu n’en a révélé la connaissance qu’à leur prophète, et qu’ils seront toujours inconnus au reste des mortels. Gelaleddin. Taleb.
  2. On doit entendre par ces mots, des femmes qui ne seront point sujettes aux taches naturelles, des Vierges aux yeux noirs, qui n’enfanteront point, et seront exemptes des besoins qu’on éprouve sur la terre, excepté de celui d’aimer. Gelaleddin Elhacan.
  3. Dieu choisit Adam pour être son vicaire sur la terre, et pour enseigner les préceptes divins à sa postérité. Il le créa de la superficie de la terre. Il en prit une poignée, où étaient rassemblées les diverses couleurs qu’elle contient, et la mêla avec différentes eaux. Lorsqu’il en eut formé la figure d’un homme, il l’anima de son souffle, et la matière devint un être sensible. Gelaleddin.
  4. Les docteurs musulmans nous représentent les génies comme des êtres qui tiennent le milieu entre les esprits célestes et les hommes. Eblis, cet ange superbe qui se révolta contre l’Éternel, fut leur père. Ils habitaient la terre avant la création d’Adam. L’ayant souillée de leurs crimes, Dieu envoya contre eux les anges qui les forcèrent à se retirer dans les îles et sur le sommet des montagnes. Gelaleddin.
  5. Une partie des habitans d’Aïla, ville située sur les bords de la mer Rouge, s’étant obstinés à pêcher le jour du sabbat, malgré les représentations de leurs concitoyens, furent maudits par David, et transformés en singes. Ils demeurèrent trois jours dans cet état ; ensuite un vent violent les précipita dans la mer. Abulfeda rapporte cette phrase accréditée parmi les musulmans.
  6. Hammiel, un des plus riches d’entre les Israélites, ayant été tué, ses parens conduisirent à Moïse les prétendus meurtriers. Ils nièrent le fait. On n’avait point de témoins. La vérité était difficile à découvrir. Dieu ordonna d’immoler une vache avec les conditions requises. On toucha le cadavre avec la langue de la victime. Il revint à la vie, se leva, prononça le nom de son meurtrier, et mourut de nouveau. Abulfeda.

    Les Arabes ont puisé cette histoire dans le Pentateuque, où Dieu commande d’immoler une vache rousse, d’un âge formé, sans tache, et qui n’ait point porté le joug. On brûlait la victime, et ses cendres mêlées avec de l’eau servaient à purifier ceux qui avaient touché un cadavre. Num. chap. 19. Maracci.

  7. Par l’esprit de sainteté, les auteurs musulmans entendent Gabriel. Nous lui avons donné Gabriel pour gardien ; il le sanctifiera et l’accompagnera partout où il portera ses pas. Gelaleddin.
  8. Jahia explique ainsi ce passage : Les démons avaient écrit des livres de magie, et les avaient enfouis sous le trône de Salomon. Après sa mort ils les en tirèrent, et voulurent persuader aux amis de ce prince que c’était par leur moyen qu’il commandait aux génies et aux vents. Leur artifice fut inutile ; mais le peuple les crut et acheta les livres de magie.

    Harut et Marut, choisis parmi les anges, avaient été envoyés à Babylone pour exercer la justice sur la terre. Ils jugèrent les mortels avec équité jusqu’au temps où Vénus, dans tout l’éclat de sa beauté, vint plaider devant eux, contre son mari. Les deux anges, éblouis de tant de charmes, éprouvèrent des désirs, et le témoignèrent à la déesse. Vénus s’envola. Les coupables, bannis du ciel, furent condamnés à expier leur crime à Babylone, jusqu’au jour de la résurrection. Elhaçan.

    Ebn Abbas met moins de merveilleux dans cette histoire. Il dit que ces anges étaient deux mages qui enseignaient la magie, et que Vénus, qui vint plaider devant eux était une femme d’une rare beauté. Telles sont les opinions des mahométans au sujet de Harut et de Marut.

  9. Ce fut de leur faire voir Dieu manifestement. Gelaleddin. Jahia.
  10. Purifiez mon temple. Les descendans d’Abraham et d’Ismaël perdirent l’idée d’un Dieu unique. Ils révéraient encore le temple de la Mecque comme l’ouvrage de ces deux patriarches : mais ils avaient placé à l’entour et dans son enceinte des idoles auxquelles ils rendaient des honneurs divins. Mahomet les renversa et rétablit le culte d’un seul Dieu.
  11. La fondation du temple de la Mecque se perd dans la nuit des temps. Elle est environnée de fables pieuses révérées des mahométans, comme des histoires sacrées. Si l’on en croit un grand nombre d’auteurs arabes, la Caaba, c’est-à-dire la Maison carrée, apportée du ciel par les anges, fut placée à la Mecque. Ils y venaient faire leur adoration deux mille ans avant Adam, qui en fit quarante fois le pèlerinage à pied du fond de l’Inde. Lorsque Dieu envoya le déluge, il enleva la Maison sainte au quatrième ciel. Dans la suite, un ange en apporta le dessin à Abraham et à Ismaël. Ils bâtirent le temple Haram sur ce modèle. Pendant qu’ils travaillaient à l’élever, Gabriel leur apporta du ciel la fameuse pierre noire si vénérée des musulmans. C’était alors une hyacinthe blanche ; mais, une femme qui n’était pas pure l’ayant touchée, elle perdit son éclat et devint noire. Zamchascar.
  12. Musulmans vient du mot arabe meslemoun, consacrés à Dieu ; c’est la vraie signification de ce mot ; c’est celle qu’on doit lui donner dans cet endroit. Dans la suite elle s’est étendue, et maintenant on appelle musulmans tous les peuples qui suivent la religion de Mahomet.
  13. Il en est de même du mot islamisme. Il vient d’elam et signifie simplement consécration à Dieu. Dans la suite on a entendu par islamisme la religion mahométane, dont les principes fondamentaux sont la croyance en un seul Dieu dont Mahomet est le prophète, la prière, l’aumône, le pèlerinage de la Mecque, et le jeûne du mois de Ramadan.
  14. Mahomet prétend que sa mission avait été prédite dans le Pentateuque, mais que les juifs animés par l’envie cachaient les oracles du ciel.
  15. Le mot Haram signifie défendu. Voyez la vie de Mahomet, deuxième année de l’Hégire.
  16. Safa et Merva, collines à peu de distance de la Mecque, sont consacrées par la religion. Voyez vie de Mahomet, au pèlerinage de l’adieu.
  17. Le Coran était écrit sur la table gardée au septième ciel. Gabriel le recueillit en un volume, et l’apporta à Mahomet ; mais il ne le lui révéla que par parties et dans l’espace de vingt-trois ans. Les docteurs musulmans ne sont pas d’accord du moment précis où l’ange l’apporta. Ils conviennent que ce fut une des dix dernières nuits du mois de Ramadan. Zamchascar. Ce mois est consacré à l’abstinence. Pendant tout ce temps, les mahométans ne prennent aucune nourriture, ne boivent ni ne fument depuis le lever de l’aurore jusqu’au coucher du soleil. Ce jeune, si rigoureux pour le peuple, est observé à la rigueur. Un musulman qui le romprait publiquement courrait risque d’être lapidé. Les riches éludent le précepte. Ils passent la nuit en festins, et dorment le jour.
  18. Lorsque les Arabes revenaient du pèlerinage de la Mecque, ils se croyaient sanctifiés ; ils regardaient comme profane la porte par où ils avaient coutume d’entrer dans leurs maisons, et en faisaient ouvrir une au côté opposé. Mahomet condamne cet usage ridicule.
  19. Les Orientaux sont dans l’usage de se raser la tête ; mais lorsqu’ils entreprennent le pèlerinage de la Mecque, ils laissent croître leurs cheveux jusqu’à l’accomplissement de leur vœu.
  20. Lorsqu’un mahométan a fait serment de ne plus avoir de commerce avec sa femme, il a quatre mois de délai pendant lesquels il peut se réconcilier avec elle. S’il laisse passer le terme, il est obligé de la répudier. Elle devient libre et peut former de nouveaux nœuds.
  21. La religion punit le mahométan qui a fait trois fois le serment de répudier une femme, en ne lui permettant de la reprendre qu’après qu’elle a passé dans la couche d’un autre homme. Le coupable qui se trouve dans cette fâcheuse circonstance tâche d’éluder la loi. Il cherche un ami sur la discrétion duquel il puisse compter, l’enferme avec son épouse en présence de témoins, et attend en tremblant l’événement incertain. L’épreuve est dangereuse. Si l’officieux ami dit en sortant qu’il répudie celle dont il est censé avoir été l’époux, le premier a droit de la reprendre ; mais si, oubliant l’amitié dans les bras de l’amour, il déclare qu’il la reconnaît pour sa femme, il l’emmène avec lui, et le mariage est valide.
  22. La peste ravageait Davardan, ville de Judée. La plupart des habitans prirent la fuite. Dieu leur dit : Mourez ; et ils moururent. Plusieurs années après il les ressuscita à la prière d’Ézéchiel ; mais ils conservèrent sur leurs visages les traces de la mort. Gelaleddin. Dans ce verset, Mahomet fait allusion à la vision d’Ezéchiel. Ch. 37.
  23. Cette arche merveilleuse, envoyée du ciel à Adam, fut transmise aux enfans d’Israël : Les Amalécites les ayant vaincus, s’en emparèrent. Ils la portaient à la tête de leurs armées, et elle était pour eux le gage de la victoire. Elle renfermait un dépôt sacré, la chaussure et la baguette de Moïse, la tiare d’Aaron, un vase plein de la manne céleste, et les fragmens des tables de la loi. Les anges la portèrent à travers les airs, et vinrent la déposer aux pieds de Saül. Gelaleddin. Telles sont les fables que les écrivains orientaux racontent au sujet de l’arche d’alliance.
  24. Les interprètes du Coran disent que ce voyageur est Ozaïr. Monté sur un âne, tenant en main un panier de figues et un vase rempli de vin, il passait près des ruines de Jérusalem détruite par les Chaldéens. Ayant formé ce doute injurieux à la puissance divine, il fut puni de mort. Dieu le ressuscita cent ans après, et lui montra sa nourriture et sa boisson préservées des injures du temps. Ensuite il lui fit remarquer les os de son âne qui blanchissaient la terre. À la voix du Tout-Puissant, ils se couvrirent de chair, se réunirent, et l’animal, rendu à la vie, se mit à braire. Maracci.
  25. Les oiseaux sur lesquels Dieu opéra le miracle furent un paon, un aigle, un corbeau et un coq. Abraham dispersa leurs membres, et garda les têtes près de lui. À sa voix les membres se réunirent et vinrent retrouver leurs têtes. Gelaleddin. Ces fables pieuses, accréditées par l’ignorance, sont regardées par les mahométans comme des histoires dont la vérité est incontestable.