Contes populaires d’Afrique (Basset)/85

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 207-208).
XLI. — TCHWI[1]

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DÉCOUVERTE DU VIN DE PALME[2]


Lorsque les Fantis se dirigeaient de l’intérieur vers la côte maritime, les gens qui vivaient dans les forêts essayèrent de les arrêter et les Fantis durent se frayer un chemin. Les éclaireurs qui ouvraient la marche étaient conduits par un célèbre chasseur nommé Ansah. Cet homme avait avec lui un chien qui l’accompagnait toujours continuellement. Un jour qu’il était au guet, le chien le conduisit vers un palmier renversé par un éléphant qui y avait percé un trou avec ses défenses pour en boire la sève. Ansah observa que celle-ci découlait du trou et, craignant d’y goûter lui-même, car cela pouvait être du poison, en donna un peu à son chien. Le lendemain, voyant que l’animal n’en éprouvait aucun dommage, il en but lui-même un peu. Il trouva cette boisson si agréable qu’il en avala jusqu’à ce qu’il tomba ivre-mort et resta privé de connaissance pendant la journée tout entière, au grand effroi des Fantis et de leur roi qui le croyaient perdu. En recouvrant ses sens, il remplit de cette liqueur un pot de terre et le porta au roi à qui il décrivit ses effets et la manière dont il l’avait obtenue. Le roi, ayant goûté du vin de palme, l’aima tellement qu’il en but au point de tomber sans connaissance. À cette vue, son peuple le croyant empoisonné, se jeta sur le malheureux chasseur et le tua sans lui laisser le temps de s’expliquer. Quand le roi s’éveilla et apprit ce qui était arrivé, il fut très attristé et fit mettre à mort immédiatement ceux qui avaient tué Ansah. En souvenir de celui-ci, il ordonna que le vin de palme fût désormais nommé Ansah.



  1. Le tchwi est parlé dans l’ancien royaume des Achantis, aujourd’hui colonie anglaise.
  2. Ellis, The tshwi speaking peoples. Londres, Chapman, 1887, in-8, p. 337-338.