Contes populaires d’Afrique (Basset)/78

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 189-192).
XXXVII. — TEMNÉ[1]

78

L’ENFANT ET L’OISEAU[2]


Il y avait une fois un enfant qui plaça un piège sous une racine et prit un oiseau. Bien. Quand il l’eut mangé, il revint, remit le piège et prit encore un moineau ; il courut le délier et le porta dans la case, mais sa mère l’envoya à l’extrémité de la ferme pour aller chasser des oiseaux. L’enfant lui dit :

— Mère, fais-moi rôtir l’oiseau.

— Oui, répondit-elle.

— Bien.

Quand l’enfant fut parti, la mère tua l’oiseau, le pluma, alla le faire rôtir et le mangea complètement. Quand l’enfant vint lui demander l’oiseau, elle lui dit :

— Je l’ai mangé.

Alors il cria :

— Mère, donne-moi l’oiseau que j’ai tué sous la racine, près de la cascade, sous la racine.

— Bien.

La mère lui donna du maïs. Il le plaça en haut d’un tronc d’arbre et quand les termites l’eurent mangé, il leur dit :

— Termites, donnez-moi le maïs ! Termites, donnez-moi le maïs que ma mère m’a donné. Ma mère a mangé l’oiseau que j’avais tué sous la racine, près de la cascade, sous la racine.

— Bien.

Les termites lui firent des pots de terre ; il les porta au ruisseau, à la cascade, pour vider l’eau. Mais lorsque la chute d’eau eut brisé ces pots de terre, il lui dit :

— Cascade, donne-moi mes pots de terre ! Cascade, donne-moi mes pots de terre que les termites m’ont donnés ! Les termites ont mangé mon maïs que ma mère m’avait donné ; ma mère a mangé mon oiseau que j’avais tué sous la racine, près de la cascade, sous la racine.

La cataracte lui donna un poisson et comme un faucon l’enlevait, il lui dit :

— Faucon, donne-moi mon poisson ! Faucon, donne-moi mon poisson que la cataracte m’avait donné. La cataracte a brisé mes pots de terre que les termites ont faits pour moi ; les termites ont mangé mon maïs que ma mère m’avait donné ; ma mère a mangé mon oiseau que j’avais tué sous la racine, près de la cascade, sous la racine.

— Bien.

Le faucon laissa tomber une plume pour lui.

— Bien.

Quand le vent l’emporta il lui dit :

— Vent, donne-moi ma plume ! Vent, donne-moi ma plume que le faucon m’a donnée. Le faucon a mangé mon poisson que la cataracte m’avait donné ; la cataracte a brisé mes pots de terre que les termites avaient faits pour moi ; les termites ont mangé mon maïs que ma mère m’avait donné ; ma mère a mangé mon oiseau que j’avais tué sous la racine, près de la cascade, sous la racine.

— Bien.

Le vent fit tomber pour lui quelques fèves du pays.

— Bien.

Quand le babouin eut mangé les fèves, il lui dit :

— Babouin, donne-moi mes fèves que le vent a fait tomber pour moi. Le vent a emporté ma plume que le faucon m’avait donnée ; le faucon a mangé mon poisson que la cataracte m’avait donné : la cataracte a brisé mes pots de terre que les termites avaient faits pour moi ; les termites ont mangé mon maïs que ma mère m’avait donné ; ma mère a mangé mon oiseau que j’avais tué sous la racine, près de la cascade, sous la racine.

— Bien.

Le babouin dit :

— Je n’ai rien à te donner.

Alors l’enfant le lia et l’apporta à la ville.



  1. LesTemné habitent sur les bords des Squarcies, en Guinée, près de Sierra-Leone.
  2. Schlenker, A Collection of temne traditions, London, Church Missionary Society, 1861, in-8, p. 56-61.