Contes populaires d’Afrique (Basset)/167

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 430-431).
CI. — ANTILLES ANGLAISES

167

ANANSI, LE TIGRE ET LA CHÈVRE[1]


Une fois, Anansi (l’araignée), le tigre et la chèvre, avec leurs petits, vivaient ensemble dans une maison. Anansi habitait en haut sous le toit, le tigre au milieu et la chèvre au-dessous. À la fin, néanmoins, ils se querellèrent. Le tigre dit qu’Anansi faisait de la poussière ; la chèvre, de la boue, et qu’il voulait la maison tout entière pour lui. Alors la chèvre dit qu’elle s’en irait et Anansi déclara qu’elle s’en irait aussi. Tandis qu’elles étaient en route, elles entendirent le tigre qui venait derrière elles.

— Groum ! groum ! groum !

Elles arrivèrent à une rivière où il y avait une grande quantité de pierres blanches gisant sur le bord et dans l’eau. Anansi changea la chèvre et ses petits en pierre et les lança de l’autre côté. Aussitôt qu’une pierre touchait le sol, elle redevenait une chèvre et courait dans la forêt. Le tigre approchait de plus en plus :

— Groum ! groum ! groum !

Il arriva juste comme Anansi lançait la dernière pierre. Il fut très mécontent et dit qu’il mangerait Anansi. Mais celle-ci lança son fil comme un pont à travers la rivière et échappa ainsi et le tigre fut laissé :

— Groum ! groum ! groum !



  1. Paméla Milne-House, Mamma’s Black Nurse Stories, Edimbourg, Blackwood, 1890, pet. in-8, p. 65-66.