Contes populaires d’Afrique (Basset)/156

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 410-411).
XCIII. — BETSIMISARAKA[1]

156

LES LÉMURES BIENFAISANTS[2]


Un jour, un Betsimisaraka allait chercher du miel au sommet d’un arbre très haut. Il était très occupé à couper les branches sur lesquelles les abeilles avaient établi leurs rayons, de sorte que la liane à l’aide de laquelle il avait escaladé l’arbre et qui était enchevêtrée dans les branches, fut coupée et tomba sur le sol. Dès qu’il eut recueilli le miel et qu’il l’eut vidé dans une boîte, il voulut descendre ; mais voici que la liane par laquelle il était monté avait été coupée et avait disparu. Il ne savait que faire, il était perplexe et grandement troublé ; il ne pouvait pas descendre, car le tronc était trop large pour qu’il pût l’embrasser ; s’il criait, il n’y avait personne pour l’entendre ; il pensa qu’il n’y avait rien à faire que de mourir là. Néanmoins, après qu’il eut un peu attendu, une couple d’immenses lémures vint près de lui ; le mâle le prit par la tête et les épaules et la femelle par les pieds. En un rien de temps, les deux animaux le transportèrent sain et sauf sur le sol, alors qu’il avait pensé qu’il lui faudrait mourir au sommet de l’arbre. Aussi il prononça une malédiction sur ses descendants, si jamais ils tuaient ou mangeaient des lémures ou quelque autre habitant bondissant de la forêt.




  1. Les Betsimisaraka habitent la côte est de Madagascar, depuis Mananjary jusqu’à la baie d’Antongil.
  2. James Sibree, Some Betsimasara folk-tales and superstitions. The Antananarivo Annual, n° XXII. Antananarivo, London Missionary Society, 1898, in-8, p. 214-215.