Contes populaires d’Afrique (Basset)/139

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 370-372).
LXXIX. — LOUNDA[1]

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LES DEUX HOMMES ET LES FANTÔMES[2]


Deux hommes, accompagnés de leurs mères, étaient allés chasser. Comme il pleuvait, l’un d’eux arrangea un petit abri pour se mettre à couvert, lui et sa mère. Celle de l’autre reçut la pluie et mourut : son fils dit qu’il l’ensevelirait et il se chargea d’elle pour aller la lancer au fond d’un lac.

Il rencontra un fantôme qui lui demanda un bras ; il le lui donna ; il continua et en rencontra un autre qui lui demanda un pied ; il le lui donna. Il en rencontra d’autres qui lui firent les mêmes demandes qu’il accorda ; finalement, il donna la poitrine au dernier fantôme.

Il ne resta que la tête, et ce fantôme lui dit dans la rivière :

— Si on te dit de porter, porte ; apporte ce qui reste à ceux qui te diraient : Apporte.

Il arriva à l’eau avec la tête. Mais au lieu qu’on lui dise : Apporte, deux cabas lui apparurent : de l’un sortirent des animaux, et de l’autre ses parents.

Il se trouva alors à l’aise avec toutes les richesses qui étaient sorties des cabas. Par envie, son compagnon tua sa mère.

Il voulut aussi enterrer sa mère et l’emporta. Il rencontra des fantômes et refusa de leur donner une part du corps ; il continua de l’emporter intact. Il rencontra le plus puissant des fantômes qui lui dit :

— Va au fleuve et charge le corps pour celui qui te dira : Emporte, non pour ceux qui te diront : Porte.

Il fit comme le fantôme lui avait indiqué. Il apparut deux cabas desquels sortirent beaucoup d’êtres répugnants et hideux qui le tuèrent.




  1. Le lounda est parlé sur les bords du lac Cassaï dans la colonie portugaise de Benguela.
  2. Dias de Carvalho, Methodo pratico para fallar a lingua de Lunda, Lisbonne, Imp. Nationale, 1890, in-8, p. 276-277.