Contes populaires d’Afrique (Basset)/136

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 361-364).

136

TYARATYONDYORONDYONDYO[1]


Il y avait une fois une femme qui avait une fille d’une beauté extraordinaire. Tous les regards se reposaient pleins d’admiration sur elle : elle était dorlotée par tout le monde. Aussi était-elle très fière. Le village dans lequel elle vivait était grand et il y avait beaucoup de jeunes filles qui étaient belles aussi.

Elles allaient ensemble faire paître les brebis et tous ceux qui voyaient la jeune fille disaient :

— Qui est cette belle fille ?

Les passants brûlaient du désir de la connaître et de s’attirer sa faveur. Un jour, toutes les jeunes filles du village s’étaient réunies, parmi lesquelles Tyaratyondyorondyondyo ; c’était le nom de la jeune fille.

Elles allèrent ensemble vers les bergers et leur demandèrent :

— Nous savons bien que toutes nous sommes belles, mais quelle est la plus belle d’entre nous ?

Ils répondirent :

— Certainement vous êtes toutes belles, mais la beauté de Tyaratyondyorondyondyo surpasse la vôtre, comme le doigt du milieu les autres doigts.

Alors elles allèrent toutes avec les bouviers et leur dirent :

— Nous savons bien que nous sommes toutes belles, mais quelle est la plus belle parmi nous ?

Ceux-ci répondirent :

— Certainement vous êtes toutes belles, mais Tyaratyondyorondyondyo est plus belle que Mbazouva et Routagaraouana.

Les jeunes filles posèrent encore la même question aux ramasseurs de baies qu’elles rencontrèrent, et reçurent la même réponse. Tyaratyondyorondyondyo en devint de plus en plus fière. Les jeunes filles se firent naturellement des signes et dirent :

— Laissez-la jusqu’à ce qu’on soit à demain matin.

Tyaratyondyorondyondyo remarqua bien qu’elles avaient quelque dessein secret.

Le lendemain, elles se rassemblèrent de nouveau, allèrent la trouver, l’appelèrent et lui diront :

— Viens, allons jouer.

Elle leur répondit :

— Excusez-moi, je ne peux pas venir ; j’ai mal à la tête.

Elles reprirent :

— Nous t’en prions, laisse-nous jouer avec toi ; nous voulons jouer à cache-cache.

Sa mère qui entendait cela dit :

— N’entends-tu pas ce que disent tes amies ? Cela ne te fera pas de mal si tu te lèves.

Alors elle alla avec elles. Elles descendirent au fleuve et se dirent :

— Jouons à cache-cache.

Tyaratyondyorondyondyo avait une sœur plus jeune et une amie ; mais la plus jeune sœur était dans le chantier et Tyaratyondyorondyondyo avait sa servante avec elle. Alors les jeunes filles lui dirent :

— Cache-toi.

Elle se coucha sur la terre ; alors une jeune fille lui monta sur le creux de l’estomac.

— Tu me tues, cria-t-elle.

L’autre n’écouta pas. Son amie et sa servante criaient :

— Qu’y-a-t-il ? N’entendez-vous pas ? Le faites-vous à dessein ?

L’autre demeura ainsi sur son corps et lui pressa tellement le cœur qu’elle mourut. La servante et son amie la portèrent en terre et pleurèrent. Les autres les menaçaient et leur dirent :

— Gardez-vous de le faire savoir.

Quand elles arrivèrent dans le village, les gens demandèrent après Tyaratyondyorondyondyo : Elles répondirent :

— Voilà longtemps qu’elle est revenue, car elle disait qu’elle avait mal à la tête.

— Elle n’est pas venue ici, dirent les gens.

Ils la cherchèrent sans la trouver et interrogèrent la servante : celle-ci ne dit rien.

Un jour ils interrogèrent des voyageurs :

— N’avez-vous pas vu un cadavre ?

— Oui, près du fleuve, nous avons vu le cadavre d’une très belle jeune fille.

On y alla : sa mère pleura tout le long du chemin jusqu’à ce qu’on trouva la morte. Elle l’enleva, l’emporta en pleurant à la maison et l’enterra.




  1. Seidel, Praktische Grammatik des Nama, des Otyiherero und des Oshindouga, Vienne, Hartleben, s.d., in-12, p. 99-103.