Contes populaires d’Afrique (Basset)/134

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 355-357).

134

MUKWÉ-LÉZA[1]

(Le gendre de Léza, l’oiseau de la pluie).


On dit que l’oiseau de la pluie avait une femme. Il dit à un homme :

— J’épouse ta fille.

— Épouse-la.

Alors l’oiseau de la pluie épousa cette femme-là. Alors ses beaux-parents, parce qu’ils mouraient de soif, dirent à leur gendre :

— Va nous puiser de l’eau.

Il y alla, arriva près de l’eau et but. Quand il eut fini de boire, il se dit :

— Quel tour pourrais-je leur jouer ?

Alors il se dit :

— Je mettrai du sable dans les calebasses.

Alors il remplit de sable toutes ses calebasses, prit un tout petit peu d’eau et le versa sur le sable. Puis il porta l’eau au village. Arrivé là, il la donna à ses beaux-parents. Ils furent tout joyeux en voyant ces grandes calebasses. Ils dirent :

— Aujourd’hui nous aurons beaucoup d’eau à boire.

Puis ils portèrent leurs calebasses dans leur hutte. Ils dirent :

— Nous te remercions.

L’oiseau de la pluie dit :

— C’est bien.

Alors l’oiseau de la pluie se dit :

— Je leur ai joué un bon tour.

Sa femme lui demanda :

— Où est l’eau ?

Son mari répondit :

— Je l’ai portée à mes beaux-parents.

Alors la femme de l’oiseau de la pluie lui dit :

— Verse-moi de l’eau dans ma tasse.

La belle-mère inclina la calebasse d’eau : elle vit que le peu d’eau qui s’y trouvait tomba dans la tasse et qu’il n’y en avait que fort peu. Alors elle dit à son mari :

— Il n’y a pas d’eau, ce n’est que du sable ; il n’y a pas d’eau.

Le beau-père appela son gendre et lui dit :

— Pourquoi nous as-tu puisé du sable au lieu d’eau ?

L’oiseau de la pluie dit :

— J’ai essayé de puiser de l’eau, mais il y avait là beaucoup de sable ; c’est ainsi qu’il est entré dans mes calebasses.

Le beau-père lui dit :

— En vérité, tu nous as joué un mauvais tour.

L’oiseau de la pluie répondit :

— Certainement, je ne vous ai pas joué de mauvais tour.

Son beau-père le chassa et dit :

— Pars d’auprès de mon enfant.

Il ajouta :

— Dorénavant, tu ne boiras plus l’eau du fleuve, tu ne boiras plus que l’eau de la pluie.

C’est pourquoi il ne boit plus l’eau du fleuve ; mais seulement l’eau de la rosée et de la pluie.

Ici finit l’histoire de l’oiseau de la pluie.



  1. Jacottet, Études sur les langues du Haut-Zambèze, IIe partie, fasc. I, p. 128-130.