Contes populaires d’Afrique (Basset)/131
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LE LIÈVRE ET SA FEMME[2]
e lièvre est une personne intelligente.
Lorsqu’il demeurait là, il n’avait pas de
femme. Alors il dit :
— Que je me fasse une femme
Il façonna le tronc d’un arbre appelé nwanamoye ; il en fit une femme très belle. Ils se bâtirent une hutte. Un certain jour, un homme arriva au village du lièvre. Lorsqu’il y arriva, il trouva que le lièvre n’y était pas ; il était allé se promener ; il n’y avait là que la femme. Cet homme lui demanda :
— Où est allé ton mari ?
La femme répondit :
— Il est allé se promener.
Il lui demanda de nouveau :
— Quel est son nom ?
Elle répondit :
— Son nom est lièvre.
— C’est bien, dit-il ; adieu !
La femme dit :
— Bonjour.
Lorsque le lièvre arriva, sa femme lui dit :
— Un homme est venu me trouver ici.
Le lièvre dit :
— D’où vient-il, cet homme ?
La femme dit :
— Je ne sais pas : il a demandé ton nom ; je le lui ai dit.
Le lièvre dit :
— C’est bien.
Lorsque le matin parut, il alla se promener. La femme resta au village. Cet homme arriva au village du lièvre.
— Bonjour.
— Salut ; d’où est-ce que tu viens ?
L’homme dit :
— Je viens de chez le chef.
— Oui, j’ai entendu.
— Où est allé ton mari ?
— Il est allé dans la forêt.
— Tu es ici toute seule ?
— Oui, je suis toute seule.
Lorsque cet homme partit de là, il alla vers le chef. Lorsqu’il arriva vers le chef, il lui dit :
— J’ai trouvé une femme très belle.
Le chef dit :
— De qui est-elle femme ?
Il dit :
— C’est la femme du lièvre. Allez et voyez-la. Lorsque vous la verrez, ne lui faites pas de mal.
Les envoyés du roi partirent. Lorsqu’ils arrivèrent, ils demandèrent :
— Où est allé ton mari ?
La femme dit :
— Il est tout près ; il arrivera à l’instant même ; attendez-le :
Le lièvre arriva :
— Bonjour !
— Salut.
Le lièvre dit :
— D’où est-ce que vous venez ?
— Nous arrivons de chez le chef.
— C’est bien.
— Adieu !
Ils partirent.
Lorsqu’ils arrivèrent vers le chef :
— Nous l’avons trouvée.
Le chef dit :
— Est-elle belle ?
Ils répondirent :
— Oui, elle est belle.
Le chef dit :
— Allez et enlevez-la.
Ils allèrent ; ils l’emmenèrent ; ils l’apportèrent au chef ; il la prit pour femme.
Quand le lièvre revint de la forêt, quand il arriva au village, il trouva qu’ils l’avaient enlevée. Il dit :
— Comment ferai-je ? ma femme, ils l’ont emportée.
Il alla à la recherche de sa femme. Lorsqu’il arriva sur la place publique, il dit :
— Donnez-moi ma femme.
Ils le chassèrent.
Lorsqu’il arriva à son village, il dit :
— Je veux me façonner un tambour.
Lorsqu’il l’eut façonné, il partit. Lorsqu’il arriva sur la place publique, il dit :
— Ndindi ! Ndindi ! Kandindi tambour !
Kandindi tambour ! Kandindi tambour !
Ma femme, ils l’ont enlevée !
Il revint vers son village. Quand le matin fut venu, il arriva là-bas. Lorsqu’il arriva à la place publique, il y trouva sa femme. Lorsqu’elle fut jetée à terre, elle fut métamorphosée en arbre.
C’est ici que finit l’histoire du lièvre et de sa femme.