Contes populaires d’Afrique (Basset)/125

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 319-320).

LXXI. — SETCHOUANA[1]
a) — Dialecte Bathlaping.

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COMMENT LES ENFANTS DE BAFOUROUTSI SE SÉPARÈRENT DE LEURS PERES[2]


Il y a longtemps, longtemps, les garçons et les filles étaient à jouer le soir. Ils jouaient hors de la ville ; ils n’étaient pas à l’intérieur. Tandis qu’ils étaient en train de jouer, l’un d’eux dit :

— Pouloungouane ! Pouloungouane ! bêlant comme Pouloungouane : Ao-o-o-o-o, et les faisant fuir.

Ils étaient en nombre par devant ; ils couraient ; ceux qui étaient derrière suivaient et le dernier de tous, celui qui faisait le Pouloungouane, celui-là suivait et courait derrière eux. Ainsi ils couraient fort ; ils couraient en avant, mais ils ne couraient pas en arrière.

Ils vinrent vivre à Choengane et bâtirent une ville en face de l’ouest, à Motlhoare. Ils devinrent très riches ; les amas de leurs détritus étaient très hauts, ils signalaient les montagnes.

Lorsque les Batlhoaro allèrent chasser, ils les trouvèrent et leur demandèrent :

— Qui êtes-vous et d’où venez-vous ?

Ils leur dirent :

— Nous sommes Bachoeng.

— Quand êtes-vous venus ici ?

— Quand nous étions enfants.

Alors les Batlhoaro allèrent chez eux pour le dire aux pères des Bachoeng ; mais ils en furent empêchés par le soleil ; ils ne purent pas les voir. Dans ce pays, il n’y avait pas d’eau ; ils furent empêchés par la soif d’aller les voir. Mais c’étaient les Batlhoaro qui les avaient trouvés parce qu’ils se rafraîchissent avec le melon sauvage. Quant aux Bathlaping, ils n’emploient pas le melon sauvage ; s’ils buvaient de son suc, ils mourraient.



  1. Les Betchouana habitent le territoire des deux anciennes républiques des Boers.
  2. Folklore Journal of the South-african Folk-Society, Cape Town, Solomon, t. II, 1880, in-8, p. 30-33.