Contes populaires d’Afrique (Basset)/104
104
LES ÉCHANGES[2]
n jeune homme avait du miel : il le donna
à sa grand’mère. Celle-ci le mangea. À
son retour, il le redemanda ; elle l’avait
mangé. Elle dut lui donner du grain : il l’emporta.
Des poulets vinrent, le trouvèrent et le
mirent en tas. Il leur dit :
— Vous dites : nous sommes de grands mangeurs.
Il leur donna le grain ; ils le mangèrent complètement.
Il le leur redemanda et ils lui payèrent un œuf. Il s’en alla et rencontra des bergers qui jouaient à la balle. Il leur dit :
— Donnez-la-moi, je voudrais la regarder.
Ils la lui donnèrent. Il leur dit :
— Vous jouez mal.
Il leur remit l’œuf en disant :
— Frappez bien une balle ; lancez loin les vôtres.
Ils frappèrent l’œuf et le brisèrent. Il leur dit :
— Donnez-moi mon œuf ; je veux m’en aller.
— Il est brisé.
— Alors, payez-le-moi.
Ils lui donnèrent des bâtons. Il s’en alla, rencontra des éléphants et leur dit :
— Vous dites : nous sommes forts ?
— Oui, répondirent-ils.
— Alors, brisez mes bâtons que voici.
Ils furent brisés.
— Payez-moi mes bâtons, leur dit-il.
— C’est toi qui as raillé nos forces.
Ils lui donnèrent un couteau. Il s’en alla et rencontra des gens qui écorchaient un bœuf ; ils se servaient d’éclats de roseaux. Il leur dit :
— C’est mauvais, jetez cela.
Il leur donna son couteau ; ils écorchèrent le bœuf et mirent le couteau à côté de la peau. Il le cacha et leur dit :
— Rendez-moi mon couteau.
Ils regardèrent après la viande. Il leur dit :
— Payez-le-moi.
Ils lui donnèrent la queue du bœuf et il s’en alla. Il arriva à un marécage, il y planta la queue et cria au secours. Les gens arrivèrent et le trouvèrent là. Il leur dit :
— Retirez mon bétail ; il est enfoncé dans la boue.
Ils tirèrent et il n’en sortit que la queue. Il leur dit : — Vous avez mis en pièces mon bétail : payez-le-moi.
Ils lui donnèrent des bestiaux. Les gens étaient au nombre de cent ; tous le payèrent : il eut cent bœufs et devint un petit chef.
- ↑ Le kisoukouma est parlé par les Wasoukouma sur les bords du golfe de Speke, lac de Victoria Nyanza, dans l’Afrique orientale allemande.
- ↑ Hermann, Kissukuma, Die Sprache der Wassukuma Mittheilungen des Seminars für orientalische Sprachen zu Berlin, t. I, fasc. III. Berlin, W. Speemann, 1898, in-8, p 193-195.