(p. XXVII-XXVIII).


§ 6. — LA VIE

Quel prix faut-il attacher à la vie ? — Au premier abord, il semble que la vie soit le plus précieux des biens. On peut perdre sa femme, ses enfants, ses biens, et les remplacer par d’autres ; la vie ne se remplace pas. Le Nîti-çâstra enseigne quelque part (peut-être y a-t-il quelque endroit où il soutient le contraire) que toutes les préoccupations, toutes les méditations doivent tendre nécessairement à la conservation du corps (19) ; la vie serait donc le plus précieux des biens, Mais on a vu tout à l’heure que la science lui est supérieure. Sans la science, la vie est inutile (20), et un père doit désirer de voir son fils privé de vie plutôt que de science (8). — Il y a encore une chose supérieure à la vie, c’est la mort pour le bien d’autrui : on a beau garder son corps avec soin, la mort viendra un jour ; or, si l’on quitte cette vie pour rendre service à un de ses semblables, c’est une mort excellente. Ainsi la vie a plus ou moins de prix, selon les choses auxquelles on la compare ; en tout cas, elle n’est point le premier des biens.