Contes et Nouvelles (Gogol)/La Place ensorcelée


LA PLACE ENSORCELÉE


Histoire véritable, racontée par le Sacristain
de l’église de…ski.

Ma foi, cela commence à m’ennuyer de raconter. Qu’en pensez-vous ? C’est véritablement assommant : raconte, et raconte encore, et pas moyen de rester tranquille. Enfin, soit, je vais vous raconter quelque chose, mais soyez certains que c’est bien pour la dernière fois. Donc, vous avez discuté sur ce sujet : que l’homme peut venir à bout, comme on dit, de l’esprit impur. Cela, assurément, est vrai ; et si on y réfléchit tant soit peu, on en trouve dans le monde plus d’un exemple. Pourtant, il vaut mieux ne pas le dire, car, quand Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/227 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/228 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/229 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/230 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/231 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/232 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/233 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/234 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/235 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/236 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/237 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/238 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/239 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/240 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/241 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/242 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/243 Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/244 criait-il, comme cela ! parfait ! ; et il se mettait à placer des croix.

Quant à la place ensorcelée, où l’on ne pouvait danser, il l’entoura d’une haie et nous ordonna d’y jeter toutes les ordures, herbes et saletés, qu’on ôtait du bachtane.

Et voilà comme la force impure mystifie l’homme ! Je connais très bien cette terre : plus tard, des Kosaks voisins la louèrent à mon père, près du bachtane. C’est une terre excellente, et toujours y pousse une récolte abondante, presque miraculeuse. À l’endroit ensorcelé seul, jamais rien de bon n’a poussé. On l’ensemence comme il faut ; mais ce qu’il en sort est impossible à expliquer : le melon d’eau — n’est pas un melon d’eau ; la citrouille — n’est pas une citrouille ; le concombre — n’est pas un concombre ; le diable seul sait ce que c’est.



FIN