Contes du Sénégal et du Niger/Chapitre 16

Ernest Leroux (p. 139-140).


LA PERDRIX[1].


Les Sankaré ne peuvent manger de la perdrix (ouolo du bambara). Voici pourquoi :

Au temps des premiers hommes, un djiné avait entraîné un Sankaré dans son trou qui était sur le bord de l’eau[2]. Au dessus de la rive, une perdrix avait fait son nid depuis longtemps et elle le creusait tous les jours davantage. Le prisonnier s’en étant aperçu, a creusé un trou vertical et a pu sortir. Depuis, il a défendu à toute sa famille de manger de la perdrix, sous peine de devenir aveugle. Quand un Sankaré trouve une perdrix captive, il la rachète et lui rend la liberté. S’il touche une perdrix, il se lave soigneusement.



  1. Raconté par Bilali Sankaré, de Djenné.
  2. Les indigènes affirment que le trou du crocodile, dans la berge des marigots, a sa partie supérieure au dessus du niveau de l’eau et qu’on y peut respirer ; l’entrée est toujours au fond de l’eau. Le djiné, esprit malfaisant des eaux, se confond souvent avec le crocodile, dont il a les procédés ; cf. le conte de l’arbre creux, passim.