Contes du Sénégal et du Niger/Chapitre 15

Ernest Leroux (p. 137-138).


LES LAOBÉ[1].


Malao est le père de tous les Laobé : il habitait à Diara, près de Nioro, puis a été se fixer à Horkadiéré dans le Fouta. Il avait pour frères Bambado, père des mabé ou tisserands, et Poullo, père des bergers : ils avaient même père et même mère, qui sont morts quand ils étaient petits. Ils sont partis chacun de leur côté pour chercher leur nourriture. Un jour que Malao se baignait, et se jetait de l’eau sur la figure, il a trouvé dans l’eau une saouta (herminette) avec laquelle il s’est appris à tailler le bois pour les autres.

Poullo avait une vache qui chaque année lui donnait un veau, et il est parti avec son bétail à travers le monde.

Voici l’origine du tana (animal protecteur) de deux familles de Laobé :

Le premier Kébé errait dans la brousse, souffrant de la faim. Il trouve un trou creusé par un oryctérope et y descend pour capturer l’animal. Le terrier se bifurque : il prend à gauche et trouve une place pleine de mil : il en enlève. Rentré chez lui, il rassemble les hommes et les femmes et emporte tout le mil chez lui. Alors il n’a plus faim et déclare à toute sa famille que l’oryctérope (iendou en toucouleur) est sacré pour eux : celui qui y touchera mourra.

Il y a une brousse appelée Dior, entre le Cayor et le Fouta Toro, où l’on reste trois jours sans voir ni un village ni un point d’eau. La famille laobé Dioum s’y était engagée et allait mourir de soif : elle s’était couchée sous un arbre. Un hippopotame était perché dessus et il a voulu crier : l’eau est sortie de sa bouche et a formé un marigot où tous ont bu. Maintenant l’hippopotame (gadad en toucouleur) est sacré pour les Dioum.

  1. Recueilli à Kourouté entre Nioro et Goumboubou d’un vieux laobé, Demba Kébé, qui séjournait avec sa famille, composée d’une douzaine de personnes.