Contes du Sénégal et du Niger/Chapitre 12

Ernest Leroux (p. 121-122).

LA HYÈNE ET LE LIÈVRE[1]


La hyène et le lièvre vont chercher du poisson et en prennent beaucoup. La hyène dit : « Maintenant nous allons faire fumer le poisson. Seulement nous ne nous mettrons pas du même côté du marigot : reste ici, je vais aller sur l’autre rive. » Elle s’en va et chacun fume son poisson. Au moment où le soleil se couche la hyène dit au lièvre : « Il ne faut pas dormir, sinon des voleurs prendront notre poisson ». Le lièvre avait une canne en fer, il la met dans le feu et se couche à côté. Pendant la nuit, la hyène appelle le lièvre à trois reprises : bien qu’éveillé celui-ci ne répond pas. La hyène alors traverse l’eau, arrive tout doucement à l’endroit où était le poisson fumé prend un poisson et le mange : le lièvre ne bouge pas : elle en prend un second et le mange : le lièvre prend sa canne en fer qui était rouge et lui donne un coup sur la tête, puis un autre sur les testicules. La hyène ne dit rien et se remet à sa place. Elle crie au lièvre : « Il est donc venu un voleur chez toi ? » « Oui, dit le lièvre, et je lui ai donné un coup sur la tête et un sur les testicules ». « Oh ! dit la hyène, tu as très bien frappé, car ici j’ai senti les coups : Avec quoi as-tu frappé ? » « Avec une barre en fer rouge » dit le lièvre. Au matin la hyène est morte.




  1. Rappelle un conte analogue donné par Froger : Étude sur la langue des Mossi : Paris, Leroux, 1910