Contes de l’Ille-et-Vilaine/Le Chat Noir

Contes de l’Ille-et-Vilaine
Contes de l’Ille-et-VilaineJ. Maisonneuve (p. 248-249).


LE CHAT NOIR

Un soir, une habitante de Vitré, en se promenant sous les porches de la place d’Armes, trouve un magnifique chat noir assis sur un banc.

Elle l’appelle, lui donne les noms les plus tendres ; la bête arrive, se laisse caresser, fait le gros dos.

Comme cette femme est du quartier, et qu’elle ne connaît pas ce chat, elle le met dans son tablier et l’emporte.

Quinze jours se passent, et le matou de plus en plus aimable, est choyé, non seulement par sa maîtresse, mais encore par toutes les voisines qui viennent l’admirer.

Tout à coup les yeux de l’animal brillent d’une façon étrange, et, de jour en jour, deviennent hagards, méchants, menaçants.

Le troisième jour ils semblent être de feu, et le chat ne se laisse plus approcher. Il jure sans cesse : foutt ! foutt ! foutt ! on le dirait enragé. Le soir il saute sur la table, regarde fixement sa maîtresse et enfin s’écrie : « Reporte-moi où tu m’as prins[1]. »

La pauvre femme effrayée le reporte, en tremblant, sous les porches de la place d’Armes. Aussitôt le chat saute sur le banc où on l’a pris, de ses yeux jaillissent des flammes, et soudain, il disparaît laissant une marque de feu à la place qu’il occupait.

Jamais personne ne l’a revu.

(Conté par Jean Hurel, journalier
à Montours, âgé de 52 ans.)

  1. Pris.