Contes arabes (Basset)/Histoire des dix vizirs/Sixième journée

Ernest Leroux, éditeur (Collection de chansons et de contes populaires, VIIp. 79-80).

SIXIÈME JOURNÉE

Du pardon.


Lorsqu’arriva le sixième jour, la colère des vizirs augmenta de n’avoir pu atteindre le but qu’ils s’étaient proposé ; de plus, ils craignaient pour eux-mêmes. Trois d’entre eux allèrent trouver le roi, se prosternèrent devant lui et dirent : « Prince, nous sommes dévoués à ton pouvoir et pleins d’affection pour toi ; voici que tu prolonges l’existence de ce jeune homme sans que nous sachions quelle utilité tu peux en retirer ; chaque jour il comparaît devant toi et reste vivant, tandis que, chaque jour, les murmures augmentent. Fais-le donc mourir pour couper court aux propos. »

À ces mots, le roi s’écria : « Par Dieu, vous avez raison et vous parlez selon la justice » ; puis il ordonna d’amener le prisonnier et lui dit lorsqu’il fut en sa présence : « J’ai beau examiner ton affaire, je n’y trouve rien de favorable pour toi et je vois que tous sont altérés de ton sang. »

« Prince, répondit le jeune homme, je n’attends de secours que du Dieu Très-Haut, et rien de ses créatures ; s’il me vient en aide, personne ne pourra me nuire, et, si le Tout-Puissant est avec moi, grâce à mon bon droit, qu’ai-je à redouter des calomnies ? J’ai toujours, conformément à sa volonté, rendu mes intentions pures et sincères ; j’ai détourné mes désirs du bonheur des créatures ; quiconque recherche le secours humain, il lui arrive comme à Bakht-Zémân34 par sa faute. »

« Quel est ce Bakht-Zémân, demanda Azâd-bakht, et que lui arriva-t-il ? »

Le jeune homme commença ainsi :