Concours des animaux gras en 1880


CONCOURS
D’ANIMAUX DE BOUCHERIE,
TENU AU PUY LE 16 MARS 1880.


Rapporteur : M. Antoine Jacotin.

Le concours d’animaux gras, tenu mardi dernier au Puy, quoique inférieur à ceux des années précédentes au point de vue du nombre des sujets exposés, a été sans contredit plus brillant que jamais, si l’on considère seulement les qualités des divers spécimens soumis à l’appréciation du Comice. Il faudrait, disait un des membres des plus compétents du jury, primer tous les animaux, si l’on voulait récompenser tous les véritables mérites. Mais, malheureusement, les ressources trop restreintes du Comice n’ont pas permis de réaliser ce vœu, que justifiait, d’une manière si complète, l’excellence exceptionnelle du concours. C’est donc avec un vif regret que la commission s’est vue dans l’impossibilité de distribuer de plus nombreuses primes ; mais elle espère que l’État, le Conseil général et la ville, qui jusqu’ici ont encouragé par de généreux dons les exhibitions agricoles de notre département, voudront bien, par de nouveaux efforts, assurer à nos agriculteurs des récompenses dignes de leur persévérance et de leur intelligente activité.

La commission a commencé ses opérations par l’examen de l’espèce bovine. La première catégorie, comprenant les bœufs nés avant le 1er janvier 1876, était composée de trente-trois sujets, dont vingt-huit de la race d’Aubrac, deux Montferrandais, deux du Mezenc et un de Salers. La race du Mezenc faisait, comme on le voit, à peu près défaut, et cette absence a été vivement remarquée par le jury qui ne saurait trop encourager nos populations à sacrifier les races étrangères pour se livrer, d’une manière exclusive, à l’élevage de celle de notre pays. Toutefois, il est important de signaler les Aubrac, dont plusieurs, par leurs formes et leur engraissement, étaient des plus beaux.

La deuxième catégorie, réservée aux bœufs de quatre ans et au-dessous, était surtout remarquable par l’état de graisse des animaux. La race du Mezenc y dominait et prouvait, par son ensemble des plus satisfaisants, de sensibles améliorations.

Les vaches et les génisses, au nombre de cinquante-quatre, quoique pourvues d’excellentes qualités, laissaient cependant à désirer au point de vue de la fermeté de la chair.

Le jury a chaudement félicité les exposants de l’espèce ovine qui avaient amené cent vingt moutons de la race des Bizet améliorée. Ces animaux, plus forts que le mouton de Chilhac, s’engraissent très facilement et peuvent même arriver à peser jusqu’à 75 kilos. Ils remplissent parfaitement toutes les conditions exigées par le difficultés de pâturage et les circonstances climatériques de notre département, et dédommagent amplement les agriculteurs de leurs peines.

La race porcine de notre pays, modifiée par des croisements anglais, offrait à l’examen du connaisseur des sujets dignes de remarque. Le jury s’est surtout attaché à ne primer que les porcs dont l’engraissement n’était pas dû à l’usage de la farine, ces animaux, quoique plus gros, n’offrant pas les mêmes qualités que ceux engraissés par des moyens plus rationnels.

Le Comice a voulu récompenser les exposants des instruments aratoires qui, bien que prévenus de l’absence de prix pour cette catégorie, ont voulu quand même attester, par leur exposition, des grands progrès faits depuis quelques années par la mécanique agricole dans le département de la Haute-Loire.

Aussitôt après les opérations du jury, le bureau du Comice, sous la présidence d’honneur de M. le Préfet, a décerné les prix aux lauréats du Concours. La fête était complète et la musique de l’Orphéon est venue jeter sa note gaie au milieu de cette solennité agricole.

M. le préfet, dans une brillante improvisation, que nous regrettons de ne pouvoir reproduire, et qui soulève dans l’auditoire d’unanimes applaudissements, s’adresse en particulier à l’agriculteur qui met, dit-il, autant d’ardeur à travailler le sol de la patrie que de courage à le défendre.

Puis M. Bonnet, adjoint au maire, adresse, au nom de la municipalité de notre ville, quelques paroles de félicitations aux exposants. Il les engage vivement à faire partie du Comice de notre arrondissement, et insiste sur les avantages particuliers qui en résulteraient pour eux.

En terminant cette courte allocution, M. Bonnet remercie M. le Préfet qui a bien voulu présider la distribution des récompenses, rend hommage au zèle infatigable de M. É. Mauras, président du Comice, et se fait l’interprète des Sentiments unanimes de l’assemblée en félicitant chaudement la fanfare du Velay de son gracieux concours.

M. É. Mauras, Président du Comice agricole, s’exprime ensuite en ces termes :


« Messieurs,

Au nom du Comice agricole, je remercie M. le Préfet d’avoir bien voulu présider le concours de cette année ; il affirme ici, par sa présence, l’intérêt que le gouvernement de la République porte à l’agriculture.

Je remercie aussi l’administration municipale de notre ville d’être venue assister à cette fête toute locale qui, je l’espère, deviendra chaque année plus importante, si, comme nous avons tout lieu de le croire, le gouvernement, le Conseil général et la municipalité de notre ville, étendent encore leur générosité.

Merci enfin aux nombreux éleveurs qui ont répondu à notre appel.

Continuez à marcher dans cette voie du progrès. Mais, pour ne pas faire fausse route, il vous faut l’instruction agricole plus complète.

Le gouvernement a décidé de vous fournir le moyens de l’acquérir plus facilement. Désormais, vos instituteurs donneront des leçons d’agriculture à vos enfants.

La théorie est très bonne, mais elle serait trop aride pour ces jeunes intelligences ; désormais, il faudra que la pratique marche à côté de la théorie, par ce moyen vous obtiendrez de bons résultats.

Voici, je crois, le moyen le plus facile pour y parvenir.

Engagez le conseil municipal de vos communes à donner à l’instituteur un champ communal pour faire des expériences agricoles, suivant la nature du sol et du climat de votre région ; dans ce champ, en présence des jeunes élèves, il fera des fourrages artificiels, il cultivera les betteraves, les carottes, le maïs ; il pourra même faire une petite pépinière et apprendre la science de la greffe à ces enfants, qui s’empresseront de mettre à profit les leçons de leur maître ; ils perfectionneront ainsi leurs connaissances, en se débarrassant de la routine. Alors, ils entendront dire autour d’eux : Voici non-seulement de bons travailleurs, mais encore des cultivateurs intelligents.

C’est vers ce but que tous nos efforts doivent tendre, pour prouver notre reconnaissance à la Patrie, qui fait tous les jours de nouveaux sacrifices pour les progrès de l’instruction et de l’agriculture. »

M. Aymard, président de la Société des Amis des Sciences, engage vivement nos agriculteurs à prendre part au prochain concours régional de Clermont. Les succès nombreux remportés dans les plus grands concours par le département de la Haute-Loire, donnent à l’honorable M. Aymard la parfaite assurance que de nouveaux lauriers attendent nos compatriotes à Clermont.

Enfin, M. A. Jacotin, secrétaire du Comice, proclame les prix dans l’ordre suivant :


Espèce bovine.
Bœufs nés avant le 1er janvier 1876.
1.  Prix.  
Jouffre François, du Béage (Ardèche).
2.    —    
Eyraud Louis, des Estables.
3.    —    
Cartal Claude, de Bains.
4.    —    
Rochette Étienne, des Estables.
5.    —    
Descours Alexandre, des Estables.
6.    —    
Soulier Frédéric, de Blanzac.


Bœufs nés depuis le 1er janvier 1876.
1.  Prix.  
Rochette Étienne, des Estables.
2.    —    
Michel Régis, des Estables.
3.    —    
Chanal Pierre, de Chaudeyrolles.
4.    —    
Eyraud Louis, des Estables.
5.    —    
Descours Alexandre, des Estables.


Vaches ou génisses grasses.
1.  Prix.  
Rochette Étienne, des Estables.
2.    —    
Eyraud Louis, des Estables.
3.    —    
Sanial Louis, des Estables.
4.    —    
Michel Régis, des Estables.
5.    —    
Chanal Pierre, de Chaudeyrolles.
6.    —    
Tourès Delcros, de Brives.
7.    —    
Nicolas Baptiste, d’Aiguilhe.
8.    —    
Sabarot, de Brives.
9.    —    
Descours Alexandre, des Estables.


Prix de bandes.
1.  Prix.  
Jouffre François, du Béage (Ardèche).
2.    —    
Eyraud Louis, des Estables.
3.    —    
Rochette Étienne, des Estables.


Espèce ovine.
1.  Prix.  
Meunier André, de Bains.
2.    —    
Cogniasse Eugène, de Bains.
3.    —    
Barthélemy Baptiste, de Bains.
4.    —    
Bouchy Baptiste, de Bains.
5.    —    
Meunier Baptiste, de Bains.
6.    —    
Portal Félix, de Bains.


Espèce porcine.
1.  Prix.  
Colomb Jean, de Boussoulet.
2.    —    
Mauras Jules, de Boussoulet.
3.    —    
Portal Pierre, de Bains.
4.    —    
Mauras Auguste, de Boussoulet.
5.    —    
Faisandier Joseph, de Saint-Germain-Laprade.
6.    —    
Vey Baptiste, de Saint-Germain-Laprade.
7.    —    
François Fay, de Bains.


Instruments agricoles.
Exbrayat, du Puy, pour un trieur-tarrare, 15 fr.
Jean, jougs, 10 fr.
Brunel, du Puy, charrues, 10 fr.