Combien elle est facilement ravie

Mercure de France (p. 29-30).

XI



Combien elle est facilement ravie
Avec ses yeux d’extase ignée ;
Elle, la douce et résignée
Si simplement devant la vie.

Ce soir, comme un regard la surprenait fervente
Et comme un mot la transportait
Au pur jardin de joie, où elle était
Tout à la fois reine et servante.

Humble d’elle, mais ardente de nous,
C’était à qui ploierait les deux genoux,
Pour recueillir le merveilleux bonheur
Qui, mutuel, nous débordait du cœur.


Nous écoutions se taire, en nous, la violence

De l’exaltant amour qu’emprisonnaient nos bras
Et le vivant silence
Dire des mots que nous ne savions pas.